Débat: Ralf Rangnick est-il un bon choix pour le Bayern ?

Patrick Y. Fischer dit : Oui

Le FC Bayern Munich a sans aucun doute connu des jours meilleurs. Seul le fait d'avoir atteint les demi-finales de la Champions League protège actuellement le club habitué au succès de crouler sous les critiques sur sa situation sportive. De plus, la recherche d'un successeur à Thomas Tuchel ne s'est pas déroulée comme prévu. Les favoris Xabi Alonso et Julian Nagelsmann se sont désistés et il semble que le Bayern se soit lui-même mis dans une impasse à cause de tous les débats sur les critères de maîtrise de la langue de Goethe, l'absence de titres internationaux ou le manque d'expérience dans la gestion des stars. La nomination de Ralf Rangnick pourrait régler ces querelles.

Certes, Rangnick n'est pas forcément un choix attendu ou populaire. En revanche, ce Souabe d'origine s'est imposé depuis trop longtemps comme une personnalité d'entraîneur parfois singulière, controversée et même rebelle. On n'oubliera pas, par exemple, son intervention en décembre 2008, lorsque l'entraîneur d'Hoffenheim de l'époque avait répondu du tac au tac à une pique du patron du Bayern, Uli Hoeness : "Si vous voulez entendre des propos vifs, vous devez aller à Munich. Si vous voulez voir du football vif, c'est chez nous qu'il faut aller". Mais c'est justement ce trait de caractère, cette foi en ses propres capacités qui, avec 25 ans d'expérience, prédestine Rangnick à la tâche qui l'attend à Munich. Dans un club qui compte à presque tous les niveaux des champions du monde et d'Europe, des vainqueurs de la C1 ainsi que de fortes personnalités, le bagage et la confiance en soi ne peuvent pas être de trop.

Certes, Thomas Tuchel est lui aussi arrivé à la Säbener Strasse avec une renommée considérable - et a malgré tout échoué. Mais contrairement à Rangnick, Tuchel n'était pas le choix de l'équipe dirigeante actuelle du Bayern autour de Christoph Freund et Max Eberl. Tous deux n'étaient pas encore à bord lors de l'épisode de la séparation de Julian Nagelsmann et ont vu de près à quel point le choix de l'entraîneur sera important pour l'avenir du Rekordmeister. Et ils le savent : Rangnick n'est peut-être pas un grand nom au niveau international, mais c'est le cas en Allemagne. En l'homme de 65 ans, ils miseraient sur un candidat qui, jusqu'à présent, a connu le succès à presque chaque poste et a souvent marqué les esprits, sans pour autant remporter de grands titres. On ne pouvait d'ailleurs pas forcément s'attendre à ce qu'il le fasse, compte tenu de ses passages à Stuttgart, Hanovre, Hoffenheim, Schalke, RB Leipzig ou Manchester United des temps modernes. Il n'y a aucun doute qu'il en sera autrement au Bayern - et cela devrait motiver le "professeur". À Munich, il aura l'occasion d'inaugurer son palmarès d'entraîneur au crépuscule de sa carrière.

Younes Hdk dit: Non

Alors voilà que maintenant le Bayern cherche à être un « petit club normal », adieu les noms ronflants (Zidane, Xabi Alonso, Mourinho, etc.) et place au petit « professeur de football » Rangnick… avec Leverkusen qui gagne enfin un titre, cette saison de Bundesliga est définitivement paranormale.

La probable nomination de Ralf Rangnick aux manettes de l’un des plus grands clubs allemand (et du monde) ressemble énormément à une réaction hystérique. Sans doute échaudés par les deux dernières saisons loin des standards auquel nous avait habitué le Rekordmeister allemand, le club semble vouloir entamer un virage 180°, c’est bien connu quand on a pris un peu trop de poids on s’astreint à une diet 100% légumes vapeur, il n’y a jamais de juste milieu…

Alors oui ce bon vieux Ralf a d’énormes réussites sur son CV, Schalke, Hoffenheim, Leipzig, oui il est un « architecte » hors pair, mais combien de fois a-t-il réussi dans un club de la dimension du Bayern ? Car c’est là l’erreur la plus rependue dans le monde du football : croire qu’un club de cette envergure se coach/gère comme n’importe quel petit club. Ce qui marche avec l’un est impossible à mettre en œuvre dans l’autre. Le Bayern n’est pas Leipzig, et quiconque croit que le Bayern peut devenir un club tranquille, sans bruit, sans strass ni paillettes fait une grossière erreur. Un club de cette taille aura toujours besoin de grands joueurs (avec des egos proportionnels à ce talent) et il sera toujours risqué de mettre une personne avec aussi peu d’expérience du très très haut niveau au milieu de footballeurs de classe mondiale.

D’ailleurs on se rappelle tous de la sortie fracassante de Cristiano Ronaldo sur ce même Ralf Rangnick au cours de la légendaire interview donnée à Piers Morgan il y a un an et demi : « Je n'avais même jamais entendu parler de lui, comme tout le monde autour de moi. Quand tu passes plus de cinq ans sans coacher tu perds cette étiquette de coach. Si tu n'es même pas entraîneur, comment vas-tu être le patron de Manchester United ? Au fond de moi je ne l’ai jamais vu comme le boss car j’ai vu certaines choses avec lesquelles je n’étais pas d’accord, c’était vraiment un moment rude mais finalement pas surprenant quand on voit l’état de l’institution Manchester United.» On peut aimer ou pas Crisitano Ronaldo, mais des grands/talentueux coachs le portugais en a vu passer quelques dizaines, il sait donc les reconnaître quand il croise leur route. Le Bayern est-il en train de prendre le chemin du déclassement qu’a pris Manchester United au cours des 5 dernières années ?

La stratégie de la table renversée est parfois nécessaire dans un club de football mais mieux vaut être sûr d’avoir ensuite une personne qui soit assez grande pour atteindre la table et remettre en place les couverts...