Un weekend en Serie A : Retour sur la 22e journée
Après sa victoire à Bergame face à l’Atalanta, Naples a encore frappé un grand coup en s’imposant face à la Juventus. L’Inter répond avec une nette victoire à Lecce. L’Atalanta, grâce à Retegui, reste bien calée dans le trio de tête. Retour sur la 22ème journée de Serie A.
Le fait marquant :
C’est un Naples en mode machine de guerre qui s’est imposé face à la Juventus au Diego Armando Maradona. Et cela devient une constante tant les hommes d’Antonio Conte impressionnent par leur force de caractère et leur engagement collectif. Avec, à la clé, des résultats au-delà de toute espérance en août dernier : une septième victoire consécutive et une place de leader plus solide que jamais.
Et pourtant, ce match face aux Bianconeri n’a pas été simple. Certes, d’entrée de jeu, on a vu des Napolitains exercer un pressing très agressif, s’approchant du but de Di Gregorio sans pour autant l’inquiéter. La Juventus, de son côté, a relevé le défi en s’appliquant à imposer un pressing très haut, démontrant de bonnes dispositions mentales (dans la continuité des matches face à l’Atalanta et au Milan), et en se projetant dès que possible vers l’avant. Ce n’est donc pas un hasard si la première très grosse occasion fut turinoise, avec un festival technique de Yildiz qui ne s’est pas transformé en but grâce à une intervention miraculeuse de Meret (6e minute).
Naples cherche à prendre le contrôle du match mais se heurte à une Juventus bien en place, avec Locatelli et Thuram prenant le dessus sur McTominay et Anguissa dans la bataille du milieu de terrain. 60 % de possession pour les hommes de Thiago Motta : le chiffre parle de lui-même. Naples, finalement assez brouillon, enchaîne les erreurs individuelles, et c’est sur une nouvelle approximation (renvoi de la tête plus qu’hasardeux de Lobotka sur Anguissa, qui s’emmêle les pinceaux) que le nouvel arrivant turinois, Kolo Muani, fait son entrée remarquée en Serie A (43e minute). Un vrai but d’avant-centre.
On ne saura jamais ce qu’Antonio Conte a dit à ses joueurs à la pause, mais on imagine facilement que les vitres ont tremblé dans les entrailles du Diego Armando Maradona. Le contraste était tout simplement incroyable à la reprise, Naples, complètement revigoré, se transforme en rouleau compresseur et ne laisse plus une seule seconde de répit aux Turinois. Les leaders (Lukaku et un monstrueux Politano), discrets en première mi-temps, se remettent à réciter parfaitement la symphonie de l’opération commando orchestrée par l’adjudant-chef Conte. Impressionnant. Très, très impressionnant.
Face à cela, la Juventus sombre complètement, incapable de réagir, malgré les entrées de Mbangula et Conceição censées dynamiser les côtés. Il faut dire que la fatigue du match de Ligue des Champions à Bruges s'est faite sentir. Par Anguissa de la tête (57e minute), puis par Lukaku sur penalty (69e, son 200e but en championnat majeur – 79 en Serie A et 121 en Premier League), les Napolitains renversent tout sur leur passage, s’imposent avec mérite et envoient un message très, très sérieux à l’Inter (et encore mathématiquement à l’Atalanta) : "Catch me if you can" !
La Juventus, reléguée à 16 points du leader, dit définitivement adieu à tout rêve de raccrocher le wagon du Scudetto (s’il restait encore un espoir) et va devoir sérieusement se poser les bonnes questions. À commencer par le mercato, Vlahovic inclus, si elle veut assurer l’essentiel : une qualification pour la prochaine Ligue des Champions.
Le reste en bref :
L’Inter a répondu, et avec la manière, au message fort lancé par Naples samedi soir. Les hommes d’Inzaghi n’ont fait qu’une bouchée de la pauvre équipe de Lecce, qui devra attendre un adversaire moins injouable pour espérer prendre des points en vue du maintien. Un match qui aurait pu être un piège pour les Milanais, avec en perspective le choc de Ligue des Champions face à l'AS Monaco puis le derby de la Madonnina dimanche prochain. Mais la force d’Inzaghi cette saison est de maintenir l’ensemble de son groupe parfaitement compact et concentré, garantissant ainsi disponibilité et performance, même de la part de ceux qui, sur le papier, ne sont pas titulaires. C’est ainsi que Frattesi, quasi-titulaire en Nazionale mais en manque de temps de jeu à l’Inter – annoncé même comme possible partant lors de ce mercato –, a bénéficié de la confiance de son entraîneur. Protégé avec bienveillance par Inzaghi en conférence de presse d’avant-match, il a été titularisé à Lecce (une première depuis le 30 octobre dernier) et a répondu de la meilleure des manières en ouvrant le score pour les Nerazzurri.
L’autre excellente nouvelle pour l’Inter, c’est son capitaine Lautaro Martinez, qui a définitivement mis fin à sa période de disette : 6 buts lors de ses 8 derniers matchs, portant son total à 112 buts en 225 rencontres, ce qui fait de lui le meilleur buteur étranger de l’histoire de l’Inter en Serie A. Un résultat qui récompense un travail mental en duo avec Simone Inzaghi, qui lui a toujours témoigné sa confiance, ainsi que l’obsession du Toro pour la recherche de la perfection. Il a ainsi doublé la mise d’un tir puissant du gauche. Le reste du match, comme depuis le coup d’envoi, n’a été qu’une formalité pour l’Inter face à une équipe de Lecce trop légère et systématiquement pénalisée par des erreurs individuelles. Score final sans appel : 4-0. Comme d’habitude, Inzaghi a géré son effectif avec rigueur, faisant systématiquement sortir un joueur averti : De Vrij, préservé d’un risque de suspension pour le derby, a été remplacé par Bisseck. L’Inter reste à 3 points de Naples avec un match en retard à jouer à Florence.
L’Atalanta, qui ne s’était plus imposée en Serie A depuis un mois et montrait des signes évidents de difficulté, a parfaitement relancé sa saison en quelques jours : victoire 5-0 face à Sturm Graz en Ligue des Champions, puis succès 2-1 à Côme. Et pourtant, ce match avait très mal commencé pour les hommes de Gasperini. Durant toute la première mi-temps, ils ont subi la loi des troupes de Cesc Fabregas (qui réalise un travail remarquable), voyant leur axe central De Roon - Djimsiti continuellement perforé par les percussions de Strefezza et Nico Paz. D’ailleurs, c’est le petit génie espagnol (qui, sans aucun doute, aura une très, très grande carrière !) qui a logiquement ouvert le score à la demi-heure de jeu. Mais Côme, malgré sa domination territoriale, n’a jamais su concrétiser son emprise sur le match, ne mettant plus réellement en danger le gardien de la Dea.
Et une fois encore, le salut de l’Atalanta est venu des intuitions tactiques de Gasperini (voir l’instant tactique) et de l’énième performance de son attaquant Retegui (voir la performance individuelle). Un sens du placement parfait, une vista incroyable, et par deux fois, le malheureux défenseur central de Côme, Kempf, n’a pu que constater les dégâts. L’Atalanta aurait même pu s’imposer plus largement si la VAR n’avait pas – à juste titre – annulé trois autres buts. Une victoire précieuse qui permet d’aborder sereinement le dernier match de Ligue des Champions face au Barça, avec en ligne de mire une qualification directe pour les huitièmes de finale.
La perf' collective:
La Fiorentina ne s’était plus imposée en Serie A depuis le 8 décembre. Face aux nombreuses critiques, les hommes de Palladino ont répondu avec caractère en s’imposant sur le terrain de la Lazio. Avec courage et détermination, la Viola a frappé fort d’entrée, menant 2-0 après seulement 17 minutes de jeu. Très bien organisée, la Fiorentina a su allier pressing agressif et projection vers l’avant en début de match, avant de faire preuve de solidité défensive pour conserver son avantage et s’imposer 2-1. Une victoire qui met fin à une série décevante, amorcée – et ce n’est pas un hasard – avec l’incident de Bove, dont l’impact psychologique a été dévastateur, et la perte d’un milieu de terrain qui apportait l’équilibre à l’équipe. En conférence d’après-match, Palladino n’a pas caché son émotion, déclarant qu’il dédiait cette victoire à eux-mêmes et à personne d’autre. Un succès qui ramène un peu de sérénité du côté de Florence.
La perf' individuelle :
Lorsque Mateo Retegui fut convoqué en mars 2023 par Roberto Mancini en équipe d’Italie, le scepticisme des tifosi était de mise. Qui était donc cet inconnu argentin, qui n’a d’italien que son passeport (comme près de 50 % de la population argentine, conséquence de l’émigration italienne massive aux XIXe et XXe siècles) ? Mais en marquant dès ses deux premiers matchs, il a éveillé la curiosité. Son arrivée en Serie A, au Genoa, à l’été 2023, devait permettre de mieux le connaître. Un an d’apprentissage plus tard, et après la grave blessure de Scamacca, l’Atalanta – toujours très inspirée sur le mercato – n’a pas hésité une seconde à miser sur cet attaquant pur sang, une espèce devenue rare en Italie. Et bien lui en a pris. Car, malgré une nécessaire période d’adaptation et quelques pépins physiques, Retegui affiche des statistiques impressionnantes : 16 buts en Serie A, solidement installé en tête du classement des buteurs. Ce week-end à Côme, il a encore confirmé sa réputation de renard des surfaces, de tueur devant le but, signant un doublé pour permettre à l’Atalanta de continuer à rêver.
L’instant tactique :
Depuis 2016, le miracle Atalanta porte un nom : Giampiero Gasperini. Toute l’Europe – et pas seulement le calcio – a pu admirer l’incroyable travail accompli du côté de Bergame. La mise en place est impressionnante : les joueurs changent, mais l’interprétation reste la même. Parfois, pourtant, la belle machine met du temps à se mettre en route. Une nouvelle fois, à Côme (et ce n’est d’ailleurs pas la première fois cette saison), il a fallu une lecture attentive du match et des ajustements tactiques judicieux pour inverser la tendance. À la reprise, Gasperini n’a pas hésité à se priver de son point de référence dans l’axe (De Roon) en faisant reculer Samardzic d’un cran, avant de modifier son schéma tactique en passant en 4-4-2. Un ajustement qui a permis non seulement de fluidifier le jeu offensif, mais aussi de mieux contenir le 4-2-4 du désespoir tenté par Cesc Fabregas pour relancer Côme. Un nouveau petit chef-d’œuvre tactique signé Gasperini… On ne les compte plus !
Côté tribune :
Tommaso Starace est bien plus qu’un simple intendant à Naples : c’est une véritable institution. Présent au club depuis 1977, il est une figure incontournable, aussi bien pour l’équipe que pour la ville. On se souvient de ses énormes sandwichs préparés pour Diego Maradona au centre d’entraînement de Soccavo, mais aussi de son habitude, empreinte de bienveillance, d’offrir un café aux joueurs, dirigeants et invités. Samedi soir, au stade, il a perpétué cette tradition en entrant sur le terrain avant le match, moka à la main, pour offrir un café aux confrères de DAZN, qui interviewaient Salvatore Esposito, l’acteur star de Gomorra. Une scène qui a ravi Diletta Leotta et Ciro Ferrara, ce dernier connaissant bien Starace pour avoir porté le maillot napolitain entre 1984 et 1994.
Triste spectacle en fin de match entre Milan et Parme à San Siro. L’altercation entre Sergio Conceição et Davide Calabria a été vue en direct à la télévision, et il a fallu l’intervention de plusieurs coéquipiers pour éviter que les deux hommes n’en viennent aux mains. Une nouvelle péripétie dans une saison très compliquée pour le défenseur milanais, qui avait déjà exprimé son mécontentement après son remplacement par Jovic. Un adieu désormais inévitable en fin de saison, lorsque son contrat arrivera à son terme.
Côté Suisse :
Yann Sommer: Dans un match à sens unique, le gardien de l’Inter a été plus spectateur qu’autre chose. Il resta cependant concentré et a bien répondu présent sur un tir lointain de Ramadani à la reprise.
Dan Ndoye : Encore un match sans relief pour l’attaquant de Bologne, à se demander si il est encore bien présent mentalement.
Remo Freuler : Un bon travail défensif et d’organisation pour le milieu de terrain de Bologne, sans influer particulièrement dans la phase de construction.
Simon Sohm: Le joueur de Parme alterne des mouvements de très haut niveau avec des erreurs de débutant. Face à l'énorme milieu milanais constitué de Fofana et Musah, sa note est finalement positive.