Un weekend en Serie A : Retour sur la 21e journée
Naples a frappé un très grand coup en allant s’imposer à Bergame dans le match au sommet de la Serie A. L’Inter retrouve son duo Lautaro & Thuram et reste à portée du leader. La Juventus s’impose face au Milan renouant avec ses ambitions de qualification en Ligue des Champions. Retour sur la 21ème journée de Serie A.
Le fait marquant :
On attendait beaucoup de l'Atalanta face à Naples dans ce match au sommet pour le Scudetto et on n’a vraiment pas été déçu: intensité, suspense, buts, 90 minutes de pur bonheur. D’entrée de jeu on a bien compris que les deux équipes avaient l'intention de jouer à fond la carte de l'offensive. Naples, désormais orphelin de Kvara, peut compter sur le brésilien Neres, qui représente bien plus qu’un joker de luxe.
Mais c’est l’Atalanta qui ouvre le bal dès la 16ème minute de jeu par Retegui, qui conforte sa place de meilleur buteur de la Serie A. La réponse napolitaine n'a pas tardé par l'intermédiaire de Politano (27ème) pour l'égalisation. Le match, parti sur les chapeaux de roues, prend une tournure de football total. Les deux équipes se rendent coup pour coup, envoyant un message à qui en doutait encore qu’elles sont bel et bien à leur place au sommet du classement. À ce petit jeu là, c’est Naples qui vire en tête à la 40ème minute par Anguissa, bien servi par Neres (une nouvelle fois décisif).
Au retour des vestiaires, l’Atalanta intensifie son pressing et est récompensée à la 56ème minute par une splendide égalisation de Lookman après un exploit individuel au milieu de quatre napolitains qui n’ont toujours pas compris ce qu’il leur était arrivé ! Un but qui redonne du courage à la Dea, mais c’était sans compter sur la détermination napolitaine, boostée par l’adjudant de commando Antonio Conte, une furie dans son carré technique. Et c’est son protégé, Romelu Lukaku, qui à un quart d’heure de la fin, fait basculer le match coté parthénopéen en reprenant victorieusement de la tête un centre d’Anguissa.
Naples s’impose 3-2 dans un match absolument magnifique et relègue l’Atalanta à sept points au classement. Les hommes de Gasperini n’ont plus gagné un match depuis le 22 décembre et la tendance observée depuis début 2025 se confirme. L’intention reste intacte mais la fatigue commence probablement à se faire sentir (autant physique que mentale) et la lucidité dans les moments charnières est évidemment moindre (Gasperini n’a pas manqué de mettre en avant des erreurs individuelles sur les buts napolitains). Avec le retour de la Ligue des Champions, on est curieux de voir comment il va réussir à redresser la trajectoire. Un problème qui ne concerne pas Conte qui n’a quant à lui que le championnat comme préoccupation et bien sur un peu beaucoup l’Inter, à seulement trois points derrière, avec un match en retard.
Le reste en bref :
Lautaro Martinez et Marcus Thuram n’avaient plus marqué dans un même match depuis le 10 mai 2024 (victoire à Frosinone 5-0). Le duo qui avait propulsé l’Inter vers le Scudetto la saison dernière a refait parler de lui face à Empoli (victoire 3-1), mais c’est surtout la performance de "Toro" qu'il faut mettre en exergue. Après un début de saison compliqué par une préparation tardive, le capitaine nerazzurro semble enfin retrouver son rythme de croisière, et des performances plus conformes à son curriculum vitae. Déjà très bon et buteur en milieu de semaine lors du match en retard face à Bologne, c’est encore lui qui a délivré son équipe à la 55ème de jeu. Jusqu’à ce moment, l’Inter avait souffert, se heurtant à une défense toscane très compacte et bien en place. Devant aussi faire les comptes avec un turn-over important dans la perspective du match de Ligue des Champions face au Slavia Prague: Bastoni, Mkhitaryan, Calhanoglu et Thuram n’étaient pas titulaires. Mais l’Inter, malgré quelques petites frayeur dans les dernières minutes avec la réduction du score de l’Empoli, a montré encore une fois que c’est la qualité de son effectif qui lui permet d’espérer jouer sur tous les tableaux d’ici la fin de saison ; avec en particulier les compliments du staff pour le jeune Asslani, éternel espoir, qui a fait un match impeccable au milieu. Si en plus donc le duo "ThuLa" se remet à carburer, tous les rêves seront permis pour l'Inter. À noter que Massimiliano Farris, adjoint de Simone Inzaghi qui était suspendu, n’a jamais perdu quand il est sur le banc de l’Inter (4 victoires et un match nul).
On était resté sur un match aller entre le Milan et la Juventus qui avait plus ressemblé à une purge qu’à un match de foot. Fort heureusement, le spectacle au Juventus Stadium a été d’un tout autre niveau. La victoire des hommes de Thiago Motta (2-0) a tout d’un match référence : en seconde période, la Juve a pris le jeu à son compte, a été agressive et offensive. Tout ce que l’entraineur italo-brésilien attendait de son équipe mais que l'on n'avait jamais vu mis en pratique depuis son arrivée (sauf peut-être lors de la remontée folle à San Siro face à l’Inter). À la clé une belle opération au classement dans la perspective de la lutte pour une place en Ligue des Champions. De son coté, Sergio Conceição est resté incrédule devant l’effondrement de son équipe à la reprise alors qu’en première période elle avait donné l’impression d’être bien dans son match. Il compte sur un coup de main au mercato pour ne pas perdre le bon wagon destination Ligue des Champions. La première mi-temps a certes vu une possession majoritairement juventina mais toutefois équilibrée en terme d'occasions. Avec Reijnders toujours dans les bons coups et un Rafael Leão plutôt bien intentionné (percutant en attaque, disponible dans le repli défensif), ce Milan semblait en mesure de faire quelque chose. Surtout que la Juventus n’avait pas su exploiter des occasions souvent nées de l’incertitude défensive des rossoneri. Mais tout s’est décidé en un éclair après le retour des vestiaires, d’abord grâce à une belle action de Mbangula, qui, parti de son coté gauche réussit à se ré-axer et armer sa frappe, bien aidé certes par la déviation d’Emerson Royal qui a trompé Maignan. Même pas le temps de souffler (et surtout de réagir pour le Milan), que Thuram (Kephren) de nouveau conquérant (après plusieurs sorties décevantes) percute et trouve dans la profondeur Weah pour le but du break. À l’occasion de ces deux buts, on a vu exactement l’inverse de ce que l’on pensait avoir compris du Milan version Conceição : une défense qui presse trop bas et manquant sérieusement de coordination.
La Juventus, avec un mercato en route (arrivée d’Alberto Costa en défense et de Kolo Muani en attaque, en attendant un gros coup en défense centrale), va maintenant devoir confirmer avec un déplacement à Naples entre deux matches décisifs en Ligue des Champions.
La perf' collective:
La Lazio a définitivement oublié ses déconvenues dans le derby de la capitale. La victoire nette à Vérone (3-0 et ce n’est pas cher payé !) arrive à la conclusion d’un match parfaitement contrôlé par les hommes de Baroni. On a revu la structure de jeu qui avait suscité tant de compliments depuis le début de la saison. Contrôle absolu du milieu de terrain grâce à un pressing intense et haut, maîtrise du ballon et projection rapide vers l'avant. Il est vrai que l’ouverture du score des romains dès la 2ème minute de jeu par Gigot a bien facilité la tâche, mais globalement cette Lazio a montré que sa quatrième place était non seulement méritée mais un objectif raisonnable pour le classement final.
La perf' individuelle :
Jens Odgaard n’est pas étranger à la bonne série de résultats de Bologne. Il a encore été très très bon face à Monza. Un gros volume de jeu, toujours juste techniquement et pour couronner le tout auteur d'un superbe but. Son entraineur Vincenzo Italiano dit de lui qu’il est fondamental pour déclencher l’assaut offensif et très fort dans les petits espaces en soutien de ses coéquipiers. L’ancien joueur de l’AZ Alkmaar est une des très belles révélations de cette Serie A et son entraineur est loin d’être le seul à le penser.
L’instant tactique :
Un peu par la force des choses au vu des absences, Thiago Motta a dû essayé de trouver des solutions pour sa Juve. Mais contre le Milan (tout comme face à l’Atalanta), ce qu’il avait préparé a parfaitement fonctionné. Locatelli en sentinelle dans la pratique se transforme en troisième défenseur axial (entre Gatti et Kalulu) pour relancer en prenant le ballon très bas. Mc Kennie et Cambiaso couvrent l’ensemble de leurs cotés respectifs, ce qui donne une grande liberté aux deux attaquants "latéraux" (Mbangula et Yildiz) pour percuter mais en se ré-axant. Comme Nico Gonzalez a toutes les caractéristiques du faux 9, ses décrochages permanents mettent en difficulté les arrières centraux adverses. Le tout permettant à Thuram de s’engouffrer dans les espaces. CQFD, les deux buts turinois ont été construits ainsi. Et sur l’ensemble de la deuxième mi-temps, les hommes de Thiago Motta ont (pour la première fois de la saison) parfaitement maitrisé le match. Dans le jargon footballistique, ça ressemble à s’y méprendre à un match référence.
Côté tribune :
C'était peut-être par envie de se consoler après le départ inattendu de Kvara vers le PSG que les tifosi de Naples ont lancé un incroyable rassemblement autour de leur équipe. Vendredi soir ils étaient déjà plusieurs centaines à accompagner le bus de l’équipe à l’aéroport de Capodichino pour les encourager au moment du départ vers Bergame. Mais que dire du retour après la victoire ô combien importante sur le terrain de l’Atalanta... Ambiance de folie dans la nuit de samedi à dimanche à l’aéroport avec plus de 5000 tifosi présents et Antonio Conte qui se prête volontiers au jeu de meneur de foule, mégaphone en main, à inciter tout un peuple. Il le sait, lui le spécialiste des opérations commando : Avec ou sans Kvara, le Scudetto passe par une union sacrée sur et en dehors du terrain. Ça promet !
Côté Suisse :
Yann Sommer: Aucun arrêt à effectuer pour le gardien de l’Inter face à Empoli. En seconde période, peut-être pour tuer l’ennui, il réalise une relance au pied complètement ratée, dont ne profite pas Maleh. En revanche il ne peut rien faire sur le but d’Esposito.
Dan Ndoye: Rentré à l’heure de jeu, il n’a (une fois de plus) pas donné l’impression d’avoir envie de tout casser. Un niveau de performance très en recul par rapport à son début de saison. Vivement la fin du mercato pour se remettre les idées en place.
Remo Freuler n’a pas été à son avantage malgré la victoire de Bologne. Moins efficace qu’à l’accoutumée à la récupération, il a aussi manqué sérieusement d’esprit d’initiative à la construction.
Simon Sohm: Journée à oublier pour le joueur de Parme qui a perdu un nombre important de ballons et a passé une bonne partie du match sans peser sur le jeu.