Une semaine en Serie A: Retour sur la 10e journée
Naples continue sa course en tête et commence à regarder avec attention ses adversaires qui calent. Le Milan bien sur, sa victime du soir. La Juventus aussi qui avance au ralenti. Seule l’Inter tient le rythme. Retour sur la 10ème journée de Serie A.
Le fait marquant :
Le Napoli d’Antonio Conte a entamé de la meilleure des manières une série de confrontations directes avec le top de la Serie A en s’imposant 2-0 sur le terrain de Milan. Dans un San Siro des grands soirs, le Milan espérait pourtant rester au contact du leader. Mais après deux matchs compliqués face à Empoli puis Lecce, ce sont les joueurs emblématiques de Naples qui ont fait la différence. Dès la 5e minute, un Romelu Lukaku surpuissant a littéralement fait voler en éclats Pavlović avant de battre Maignan. En fin de première mi-temps, c’est l’artiste géorgien Kvaratskhelia qui a fait le spectacle dans la Scala du Calcio. Dans son style si particulier, partant du côté gauche, il a passé en revue Emerson puis Fofana, avant de décocher un tir du droit aussi puissant que précis, ne laissant aucune chance à Maignan.
Globalement, le Milan n’a pas démérité, mais en manque d’inspiration dans les derniers trente mètres, il ne pouvait pas espérer mieux. L’absence de Pulisic s’est clairement fait sentir, même si le milieu a tenu. Fonseca avait de nouveau choisi de se priver de Rafael Leão, préférant des ailiers prêts à se sacrifier dans la phase défensive : Okafor à gauche, Chukwueze à droite. Ce dernier a bien essayé de multiplier les percées, mais sans jamais trouver l’ouverture. Côté napolitain, la belle satisfaction de la soirée est l’Écossais Gilmour, qui devait remplacer le métronome Lobotka, blessé. Les caméras de la TV italienne ont intercepté l’échange avec Conte lorsqu’il est sorti en fin de match : « mais quel match tu nous as fait ! ».
Naples est un leader solide, très solide. Pas toujours spectaculaire, mais incroyablement concret. Les points s’accumulent et de petits écarts se creusent déjà. L’occasion d’enchaîner dès ce week-end en recevant l’Atalanta, puis de revenir à San Siro, cette fois face à l’Inter, pour un premier tournant dans la course au Scudetto. Une course dans laquelle le Milan semble déjà décroché, de quoi relancer les rumeurs de départ de Fonseca.
Le reste en bref :
La Juventus enchaîne un deuxième match nul consécutif en championnat, mais ce 2-2 à domicile face à Parme a une saveur bien différente du flamboyant 4-4 dans le derby d’Italia à San Siro. Encore une fois, l’équipe de Thiago Motta est plutôt bien en place, ayant assimilé le travail fait à la Continassa et cherchant avec discipline à l’appliquer. Le problème est que, comme souvent, les erreurs individuelles font la différence. En attaque, avec Vlahovic qui rate l’immanquable en début de match et porte cette erreur comme un fardeau durant le reste du match. Motta a encore un gros travail psychologique à faire avec son attaquant serbe. En défense aussi, décidément totalement perturbée depuis la blessure de son meilleur joueur, Bremer, qui va terriblement manquer toute la saison. Par la force des choses, Motta doit trouver des solutions de rechange. Danilo, fautif et expulsé en Ligue des Champions à Stuttgart, avait été confirmé face à l’Inter, où il a explosé en vol. De nouveau titularisé face à Parme, il a encore accumulé beaucoup trop d’erreurs pour un joueur d’une telle expérience. Les hommes de Fabio Pecchia ont de leur côté amplement mérité le match nul, récompensés par une attitude très constructive pour un promu. Le bus est encore resté au garage ; c’est par le jeu, toujours le jeu, que Parme entend s’exprimer.
L’Inter n’a vraiment pas eu à forcer son talent pour s’imposer à Empoli. Depuis le début de saison, les hommes de Roberto d’Aversa avaient vraiment mis en difficulté les meilleurs grâce à une organisation basée sur un pressing très haut. Cette fois, cela n’a pas fonctionné face au champion en titre, même s’il est vrai que l’expulsion de Goglichidze après 30 minutes de jeu a rendu la tâche des Toscans quasi impossible, malgré un début de match pourtant prometteur. L’Inter a finalement trouvé des solutions en défense et rentre en Lombardie sans but encaissé. Au milieu, l’expérience de Barella comme meneur de jeu n’a pas donné satisfaction, et en effet, l’international italien a commencé son vrai match quand Inzaghi l’a replacé. L’autre international au milieu, Frattesi, a fait son meilleur match de la saison, aussi bien dans le jeu qu’à la finition, avec un doublé. En ajoutant le nouveau but du capitaine Lautaro (il a mis du temps, mais maintenant sa saison est lancée !), Simone Inzaghi pouvait être vraiment satisfait. Vivement Inter – Naples dans 10 jours !
La perf' collective :
La Lazio a franchi un nouveau cap en s’imposant très largement sur le terrain du promu Côme (5-1). On avait appris à connaître le style de jeu de Baroni lors de ces neuf premières journées : un jeu axé sur des projections offensives rapides, en particulier en passant par le côté gauche, territoire désormais bien gardé par la révélation Tavares. Avec deux attaquants de pointe, Dia et Castellanos, qui ont non seulement appris à cohabiter, mais qui sont vraiment complémentaires. Mais au-delà de la qualité de la prestation collective, ce qui impressionne, c’est de voir chaque joueur élever son niveau individuel match après match. Le groupe a non seulement parfaitement assimilé et adhère complètement à la vision de jeu de Baroni, mais ce match à Côme a confirmé qu’il est désormais pleinement conscient de sa force. Un groupe mature pour consolider sa place au chaud dans le top 4.
La perf' individuelle :
Pas forcément l’homme de cette 10e journée, mais le gardien de la Fiorentina, David De Gea, enchaîne encore une nouvelle excellente prestation. Resté sans jouer pendant une saison après 12 ans et 545 matchs avec Manchester United, arrivé tardivement à la Fiorentina (le 9 août), l’Espagnol est tout simplement le meilleur gardien de la Serie A pour l’instant (selon les notes des trois quotidiens sportifs). À Gênes, sur le terrain du Genoa, après une première mi-temps assez tranquille, il a été absolument décisif avec deux arrêts extraordinaires face à Pinamonti puis Vasquez.
L’instant tactique :
À l’instar du Hellas Vérone (démantelé la semaine dernière 6-1), le Monza d’Alessandro Nesta avait tout du prochain adversaire parfait pour la machine de guerre de l’Atalanta. Mais pendant les 70 premières minutes de ce derby lombard, Monza a réussi un match presque parfait, avec une défense bien en place, menée par un D’Ambrosio royal, et un courage remarquable en phase offensive quand on connaît ce dont la Dea est capable. Mais encore une fois, c’est Gasperini qui a remporté la bataille tactique. Il change les hommes, leur demande de s’adapter, mais ne change jamais son organisation de jeu. Et voilà servie la surprise du chef. À la place de Lookman, décevant pour une fois en attaque, il a fait entrer Lazar Samardžić poste pour poste, alors que ce dernier joue habituellement plus au milieu. Idée géniale, récompensée par un travail offensif constant et le but libérateur de l’international serbe.
Côté tribune :
Le spectacle au Sinigaglia de Côme n’était pas que sur le terrain avec la prestation incroyable de la Lazio (voir ci-dessus). En nocturne comme hier, ou en journée, la vue imprenable depuis les tribunes sur le lac de Côme est absolument magique. À quelques encablures de la frontière suisse, c’est une expérience à faire au moins une fois dans sa vie de passionné de calcio.
Coté Suisse :
Un peu de repos bien mérité pour Yann Sommer après les quatre buts encaissés face à la Juventus. L’Inter s’est baladée sur le terrain d’Empoli (3-0), lui permettant de passer une soirée sans absolument rien à faire. Au cœur de la belle campagne toscane, il aurait même pu s’asseoir à table pour déguster un excellent verre de vin rouge local (avec modération bien évidemment) sans que l’on voie la différence.
Noah Okafor (Milan) : titularisé sur le flanc gauche par Fonseca en lieu et place de Rafael Leão, il a confirmé ses bonnes dispositions dans l’effort collectif de récupération. Cependant, il n’a jamais réussi à faire la différence dans le un contre un, ce que Fonseca attendait pourtant de lui. Remplacé logiquement à l’heure de jeu.
Dan Ndoye (Bologne) : non seulement il rend fous les défenseurs adverses avec son volume de jeu, mais en plus, il se transforme désormais en véritable distributeur automatique de passes décisives (voir celle pour Orsolini).
Remo Freuler (Bologne) : c’est le patron au milieu. Gros volume de jeu, grande intensité, sa détermination donne l’exemple à tous ses coéquipiers.
Simon Sohm (Parme) : match vraiment abouti face à la Juventus. En soutien de ses attaquants, il confirme tout le bien que les dirigeants et tifosi pensent de lui. Alliant puissance, vision du jeu et capacité à prendre le bon espace au bon moment. Récompensé par le but de l’avantage provisoire de Parme, le deuxième de sa carrière italienne.