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Analyse Football

Tedesco : Erreur de Casting

Sacha

Alors que l’entraîneur Italo-allemand avait bien démarré son aventure avec les Diables Rouges, Domenico Tedesco nage actuellement en eaux troubles au sein du plat pays. Décryptage.

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Domenico Tedesco, coach principal de l'équipe nationale de Belgique... © IMAGO / Isosport

Kevin De Bruyne gronde de colère, la Belgique a encore laissé son meilleur ennemi français le dominer dans un duel à sens unique où ils n’auront que donner l’illusion d’être dangereux face aux Bleus, lors des quinze premières minutes de jeu. En interview d’après-match, King Kev évoque des problèmes criants d’attitude, ciblant par la même des individualités qui lui ont fait voir « des choses inacceptables ». Si la responsabilité des échecs belges est 
partagée avec le joueurs, Domenico Tedesco en reste l’instigateur principal. Comment la Belgique a t-elle autant été bercée d’illusions depuis février 2023 ?
 

Répéter les mêmes erreurs

Sous Roberto Martinez, la Belgique était doté d’un as de la communication. Jamais un mot plus haut que l’autre, toujours ami avec les biais médiatiques les plus proches du 4e pouvoir… Plus qu’un entraîneur, le Catalan était le politique sachant manier l’art du Prince.
Ce talent de l’enfumage a pris fin après le naufrage au Qatar à la Coupe du Monde. Son successeur, Domenico Tedesco, devait incarner un vent de fraîcheur, de spontanéité et d’honnêteté, là où Martinez avait clairement fait fi des considérations liées au mérite pour créer son groupe de copains. Problème, Tedesco est tombé face à des amoureux digérant une rupture à qui on a tout de suite demandé d’aimer, d’adhérer, d’accepter un nouveau 
capitaine de bord. Dans un bateau, on ne réussit de conquêtes que si on représente une entité forte. Avec son air sûr de lui et ses idées nouvelles, l’ex-coach du RB 
Leipzig (avec qui il a gagné une Coupe d’Allemagne) a donné dès son arrivée le brassard et les clés de l’engin à Romelu Lukaku. Cette offrande endettait mais déchargeait Tedesco du rôle de patron dans le vestiaire. Selon la mythologie belge, la bonne ambiance au sein du groupe en dépendait…  Ce choix, Martinez l’avait fait en septembre 2016 dès son 1er match perdu 2-0 au stade Roi Baudoin face à l’Espagne mais le Catalan avait payé cher la mise en place de ces divers privilèges. Malgré bon nombre de soldats loyaux à son pouvoir jusqu’au dernier jour, ces (mé) faits de diplomate ont créé inimitiés et rancoeurs à l’annonce de son départ. Vouloir l’imiter et initier son mandat en donnant légion d’honneur à ‘Big Rom’ a fait perdre du crédit à Domenico Tedesco causant le départ du meilleur gardien du monde, Thibaut Courtois. Par ailleurs, là où Martinez anesthésiait tous les observateurs en conférence de presse, 
Tedesco s’est retrouvé face à des journalistes rodés, avertis, entraîné pour contrer pièges et fantasmes. D’ailleurs, le natif de Rossano s’est souvent contredit, actant d’abord la non-sélection de Michy Batshuayi pour ensuite l’intégrer à nouveau et enfin, ne plus jamais le sélectionner sans justification. Il avait aussi affirmé avoir besoin d’ajouter un milieu de terrain à sa liste pour l’Euro 2024 avant finalement d’emmener un attaquant supplémentaire. Par ailleurs, l’Italo-allemand s’était aussi déplacé à Madrid pour supplier Axel Witsel de sortir de sa retraite internationale sans jamais l’intégrer une seconde pendant le tournoi en Allemagne. Et bien plus encore…
 

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Domenico Tedesco en compagnie de Franky Vercauteren, le directeur technique national de la Fédération Belge de Football.

La Fédération Belge épinglée


Si Tedesco tente de soigner par le travail son syndrome de l’imposteur depuis son arrivée dans le plat pays, donner un million d’euros par saison à un entraîneur qui a participé à la relégation d’un club historique comme Schalke 04 à partir de la saison 2018/2019 n’était pas non plus obligatoire. C’était la responsabilité d’une Fédération déjà en crise et largement endettée au départ de Roberto Martinez. Depuis le 8 février 2023, l’entraîneur Italo-allemand a vu 2 Chief Executive Officers quitter l’URSBFA, l’homme de l’ombre au coeur de la réussite de la génération dorée belge en la personne de Jelle Schelstraete a aussi pris la poudre d’escampette et l’actuel directeur technique national avec qui il avait choisir de faire équipe - Franky Vercauteren - a démissionné après l’Euro… mais est officiellement toujours en place jusqu’à la fin de son préavis, dès décembre prochain. Une réelle fumisterie initiée par le 1er CEO Peter Bossaert (à la base du choix Tedesco) et perpétrée par le second Piet Vandendriessche qui l’a conforté dans son siège face au conseil d’administration de la Fédé qui le voulait dehors après la débâcle de l’été 2024. 

 

La peur au ventre


Un jeu sans identité. Un entraîneur ébranlé. Des essais incohérents. Voici l’image que Domenico Tedesco a renvoyé lors de son 1er tournoi international avec une nation de foot. Ce même coach qui avait été évincé de Schalke après un 7-0 de la honte infligé par Manchester City en Ligue des Champions a complètement égaré ses principes avec la Belgique. Quand il est perdu, Tedesco oublie son sang froid, tergiverse et tente des inepties comme Yannick Ferrera Carrasco en position de latéral gauche dans une défense à quatre contre la Slovaquie, Jeremy Doku aligné en piston gauche dans le huitième face à la France ou encore lorsqu’il avait utilisé 11 systèmes de jeu différents avec Schalke 04 durant cette fameuse saison 2018/2019. Malgré une froideur toute allemande dans ses comportements, ces signes ne trompent pas et désignent un décideur qui ne décide plus, un charlatan du ballon rond qui utilise le terrain vert comme laboratoire à ciel ouvert. 

 

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Domenico Tedesco en grande discussion avec Romelu Lukaku, le leader d'équipe qu'il a désigné.

Des personnalités éteintes


La campagne qualificative et les 26 points récoltés sur 30 possibles étaient un mirage. 
Malgré un premier match réussi en Suède avec une victoire éclatante (0-3), Tedesco nous a déçu. Bien au-delà des résultats, l’homme qui a grandit près de Stuttgart est coupable d’avoir donné l’illusion au peuple belge qu’il était en capacité de développer ses talents. Tactiquement. Individuellement. Intrinsèquement. Jamais dans l’histoire de la Belgique un joueur (Thibaut Courtois) s’était publiquement exprimé en conditionnant son retour en sélection au départ d’un membre du staff technique. Depuis son arrivée, la Belgique n’a 
jamais réglé son souci de latéral gauche, même en repassant dans un quatuor défensif… Notre jeu souffre d’un manque de densité dans son cœur, certains joueurs comme Youri Tielemans et Amadou Onana sont mal à l’aise, Kevin De Bruyne inefficace et d’autres n’ont tout simplement pas intégrer le sens de la responsabilité, ni l’urgence de créer un sens commun. Ils considèrent une sélection comme facile, acquise sans état de conscience, celui qui veut que lorsqu’on représente son pays, on ne joue pas seul, ni à onze, ni à seize, ni à vingt-cinq… On joue en compagnie de près de 12 millions de belges qui compose ce pays. Pendant ce temps, le natif de Rossano n’en a cure, le maître prestidigitateur mélange les   potions chimiques pensant qu’il trouvera bien un jour l’antidote magique pour guérir le plat pays et lui délivrer cet élixir de bonheur que représente une victoire finale dans un tournoi international.

Épilogue


À son arrivée, Domenico Tedesco voulait donner la primauté aux ailiers, permettre à son meilleur élément - KDB - de s’épanouir dans les demis-espaces offensifs adverses et faire jouir Romelu Lukaku de conditions propices à son efficacité. Il n’a jamais réussi à développer ce schéma, pourtant simple, et peine aujourd’hui déjà à se renouveler après seulement 20 mois de mandat à la tête de la Belgique. Pire, l’Italo-allemand n’accepte égoïstement pas que ses soldats ne comprennent pas son message, que ses consignes, son système et son style ont un impact négatif sur le rendement de ses titulaires mais surtout, que si des Diables Rouges peuvent s’épanouir dans une certaine animation de jeu, ces mêmes footballeurs peuvent paraître complètement inintéressants décorrélés de celle-ci… Le constat d’échec est cuisant. Au suivant!

Sacha Tavolieri 

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