Un weekend en Serie A: Retour sur la 2e journée

1/ Le fait marquant

Le Milan s’était sorti du guêpier Torino dans les arrêts de jeu lors de la première journée. À Parme, il s’est incliné et a considérablement augmenté l’inquiétude de ses tifosi. Une condition athlétique qui interroge tant de nombreux joueurs semblent en retard. Peu voire pas du tout d’idées dans le jeu, une confusion quasi-totale au milieu de terrain et une défense (surtout les latéraux Calabria et Hernandez) à l’agonie face aux percussions incessantes des parmesans. Sans oublier une tension évidente sur le terrain, avec des images de Théo Hernandez nonchalant qui ont exaspéré les tifosi et un geste polémique de Rafael Leão vers le parcage milanais (même si il a ensuite démenti qu’il visait les tifosi !). Une situation parfaitemrnt résumée par cette formule d’un consultant italien : "Face au Torino, le Milan avait touché le fond, à Parme, il a fait pire !"

Évidemment Paulo Fonseca a encore besoin de temps pour convaincre et réussir à faire interpréter par son équipe ce qu’il inculque à Milanello. Le déplacement à Rome sur le terrain de la Lazio le week-end prochain s’annonce déjà décisif car en cas de nouveau revers, la trêve internationale risque d’être longue, très longue pour l’entraineur portugais. Avec Massimo Allegri libre, dans le microcosme milanista des voix s’élèvent déjà pour appeler à corriger vite ce qu’ils estiment déjà être une erreur de casting.

2/ Les autres faits à retenir

La Juventus avait fait voir de belles choses lors du match d’ouverture face au promu Côme. À Vérone, face au Hellas qui avait démonté Naples, les bianconeri ont envoyé un message clair à la Serie A : Il va falloir compter sur eux cette saison, et même très sérieusement. Avec une victoire très convaincante 3-0.

L’arrivée de Thiago Motta était bien sûr source de beaucoup d’espoir du coté des tifosi après trois saisons de spectacle insipide version Allegri. La prudence restait  toutefois de mise tant l’expérience Maurizio Sarri – pourtant considéré comme l’apôtre du beau jeu, avait déçu. Sans aller trop vite en besogne, malgré un été perturbé par un mercato compliqué, il est déjà évident que l’empreinte de Thiago Motta est déjà là. Une idée de jeu clairement affichée, déjà assimilée par le groupe et en grande partie interprétée sur le terrain. Le 4-2-3-1 fonctionne. Impressionnant, le retour à son meilleur niveau de Locatelli et Vlahovic qui semble parti sur des bases très élevées (prestation avec un P majuscule et un doublé). Ajoutez à ce tableau, une défense en acier qui a éteint toutes velléités de réaction du Hellas en deuxième période. Cerise sur le gâteau : après Mbangula contre Côme, c’est au tour d’un autre joueur de la "Next Gen" de marquer pour son premier match en Serie A: l’arrière droit Nicolò Savona.

Les hommes d’Antonio Conte ont bien réagi après le coup de bambou reçu derrière la tête à Vérone il y a une semaine. Devant son public, Naples s’est largement imposé 3-0 face à Bologne et s’est/a rassuré. Kvaratskhelia avec une passe décisive lumineuse, a permis au capitaine Di Lorenzo de définitivement clore la période de tension quand ses envies de départ semblaient irrévocables. Kvaratskhelia (encore lui) a doublé la mise. Le géorgien semble renaître avec Antonio Conte et les tifosi sont désormais confiants dans le fait qu’un départ dans la dernière ligne droite du mercato soit écarté. Autre signe qui aura sans aucun doute plu à Conte : les débuts réussis de l’international brésilien David Neres. Arrivé en début de semaine de Benfica, il a été auteur d’une belle action coté droit, conclue par une passe décisive à Simeone pour le 3-0 final. Si Naples réussit à régler le dossier Osimhen et compléter son mercato (arrivée de Lukaku et au moins un des deux milieux écossais McTominay ou Gilmour), la trêve permettra à Conte d’enfin pouvoir travailler sereinement.

L’Inter, qui était resté un peu sur sa faim à Marassi fasse au Genoa, s’est imposé en patron face à Lecce pour ses début devant son public. Tout, ou à peu près, a plu à Simone Inzaghi. La défense bien en place a permis à Yann Sommer de passer un moment bien tranquille, avec notamment un Darmian particulièrement brillant. La certitude Calhanoglu qui a transformé son dix-septième penalty consécutif en Serie A avec l’Inter. Et puis, et peut-être surtout, la bonne entente du duo Thuram – Taremi, une excellente nouvelle pour Inzaghi en l’absence de Lautaro Martinez. Voilà une option déjà opérationnelle dans une saison qui s’annonce interminable. D’ailleurs, la prudence pourrait être de mise face à l’Atalanta, avec de nouveau Thuram et Taremi en attaque, laissant ainsi Lautaro Martinez bien récupérer de sa blessure musculaire à la cuisse.

 3/ La performance collective

 Le pauvre Marco, adjoint de Roberto D’Aversa, a encore les oreilles qui sifflent. Un peu d’ailleurs comme une partie des journalistes présents dans la tribune de presse du stade Olympique de Rome. Car l’entraîneur d’Empoli, suspendu pour le match sur le terrain de la Roma, a passé 90 minutes à hurler dans son téléphone pour transmettre ses instructions au banc de l’équipe toscane. Et quelles instructions ! Un match quasi parfait des siens et une victoire 2-1 à la clef. Pressing très haut pour empêcher l’adversaire de mettre en place son jeu, pour couper les lignes de transmission. Du courage et de l’ambition à chaque récupération de ballon pour développer du jeu, partant systématiquement des côtés, avec à la manœuvre un Jacopo Fazzini des grands soirs –encore un produit du superbe centre de formation de l’Empoli. Récupération, vision du jeu, à l’origine de la majorité des situations offensives : Sans aucun doute un joueur avec un brillant avenir. Et pendant que la Roma poussait dans les 20 dernières minutes pour revenir, ce pauvre Marco hurlait aux joueurs : "Salite, Salite !" (montez, ne reculez pas). Un chef d’œuvre tactique de l’Empoli.

4/ La performance individuelle

Parme doit sa victoire face au Milan en grande partie à son attaquant Dennis Man. L’international roumain, formé au Steaua Bucarest, a rendu la défense rossonera complètement folle. Il ne s’est pas contenté d’ouvrir le score en début de match. Ses percussions, ses accélérations sur les côtés (base du jeu de Fabio Pecchia) se sont révélées ingérables pour le Milan pendant 75 minutes. Jusqu’à sa sortie, sous une standing ovation du stade Ennio Tardini.

5/ L’instant tactique

Les tifosi de la Roma sont passés en une semaine de l’inquiétude teintée de colère – avec le départ annoncé de Paulo Dybala en Arabie Saoudite à l’incroyable soulagement quand il a finalement annoncé qu’il restait. Sur le papier, avec l’arrivée de son compatriote argentin Matias Soulé et de l’ukrainien Artem Dovbyk, meilleur buteur de la Liga la saison dernière avec Girone, le potentiel offensif est évident. Problème: Daniele de Rossi n’a pas encore trouvé l’organisation pour l’exploiter. Dovbyk, malgré une bonne volonté affichée, semble encore un peu perdu sur le terrain. Et puis au regard des deux premiers matches, nombreux sont ceux à se poser la question si Dybala et Soulé peuvent jouer ensemble. Car c’est en partant du flanc droit pour se ré-axer sur leur pied gauche qu’ils sont percutants et efficaces. De Rossi a essayé de mettre Dybala plus axial, puis de mettre Soulé coté gauche mais ça ne fonctionne pas. Copie à revoir.

 6/ Côté tribune

Dimanche en début d’après-midi, environ 15.000 tifosi du Torino ont défilé dans les rues de Turin. Partis du stadio Filadelfia, stade historique du club et siège du centre d’entraînement, ils ont rejoint le Stadio Olimpico Grande Torino où les Granata recevaient (victoire 2-1) l’Atalanta. Objet de la contestation, le président Cairo, accusé de ne pas faire les efforts nécessaires pour la croissance de l’équipe. La situation était déjà très tendue avec la vente en Juillet du défenseur central de la Nazionale, Alessandro Buongiorno, à Naples. Elle s’est encore dégradée la semaine dernière avec la vente de Raoul Bellanova à l’Atalanta. D’autant plus que Paolo Vanoli, l’entraîneur du Torino, a mis de l’huile sur le feu en conférence de presse: “Bellanova a été vendu sans que les dirigeants ne me mettent au courant”.

Lors des matches de ce lundi, un hommage a été rendu à Sven-Göran Eriksson disparu le matin même. Passé par la Roma, la Fiorentina et la Sampdoria, c’est à la Lazio qu’il a connu la consécration en y remportant le scudetto la saison 1999-2000.

7/ Coté Suisse

Yann Sommer avait besoin de se rassurer après des débuts difficiles sur le terrain du Genoa. Il est vrai que Lecce n’a pratiquement jamais été dangereux, mais sa bonne intervention en fin de match sur un tir tendu de Berisha lui permet de réaliser son premier clean-sheet de la saison avec l’Inter.

Simon Sohm a effectué un bon match avec Parme, victorieux face au Milan. Gros volume de jeu en première période, même si son entraineur Fabio Pecchia attend de lui qu’il utilise plus et mieux son atout principal, à savoir l’impact physique.

Nicolas Haas , rentré à l’heure de jeu, a largement contribué au travail défensif qui a permis à Empoli de conserver son avantage et de s’imposer à l’Olimpico 2-1 face à la Roma.