Ruben Amorim est-il déjà un flop à Manchester United ?

C’est ce qu’on appelle une saison catastrophique. Avec seulement 30 points pris sur 78 possibles, Manchester United continue de s’enfoncer à la quinzième place du classement général. Cinquième pire attaque de Premier League, ex æquo avec West Ham United, les Red Devils restent sur une série de trois matchs consécutifs sans victoire. Avec 37 buts encaissés depuis le début de la saison, comme leurs voisins de City, les Mancuniens possèdent la huitième défense d’Angleterre. Ils se retrouvent ainsi à treize points du premier relégable, confirmant leur statut de candidat médiocre du championnat.

Ruben Amorim est-il responsable ?

Bruno Taverne, commentateur télé pour le diffuseur officiel de la Premier League en Belgique et spécialiste du football anglais, nous livre son analyse : « La première erreur gravissime d’Amorim a été de ne pas avoir évalué avec précision à quel point le club était en déliquescence à tous les niveaux. Infrastructures d’entraînement, gestion des égos, staff technique limité, direction incompétente, conflits internes, vestiaire récalcitrant… Dès son arrivée, il a voulu écarter Marcus Rashford, alors qu’il y a un an et demi, après sa préparation physique aux États-Unis, l’Anglais avait réalisé une saison incroyable avant de sombrer. À 400 000 livres par semaine, ce n’est pas acceptable. Amorim a toujours voulu Viktor Gyökeres, il a donc préparé le terrain en faisant de la place… Cela dit, l’échec de United dépasse sa seule responsabilité. Rasmus Højlund, Manuel Ugarte et Joshua Zirkzee ne sont pas des joueurs du niveau requis pour porter le maillot des Red Devils. Et puis, c’est toute une gestion qui ne fonctionne plus. »

Nicolas Vilas, journaliste pour RMC et spécialiste du football portugais en France, connaît bien Ruben Amorim pour l’avoir suivi au Sporting Lisbonne : « Si vous posez la question à Amorim lui-même, il vous le confirmera. Le constat est limpide : Manchester United est tout simplement en train de réaliser la pire saison de son histoire. Cela dit, j’étais étonné de le voir quitter le Sporting. C’était une erreur de casting. Pas pour United… mais pour lui, car le risque était trop grand. Les dirigeants anglais espéraient un “effet Amorim” à son arrivée. Force est de constater que, même si le problème est plus profond, c’est un échec... » Manchester United a d’ailleurs annoncé devoir licencier 250 salariés et réduire au strict minimum les rations alimentaires fournies aux employés du club. Une situation qui contraste avec le train de vie des joueurs, comme le souligne Nicolas Vilas : « Ce climat n’aide pas sur le plan sportif. On va supprimer des salaires pour pouvoir surpayer des footballeurs… »

Notre spécialiste de la Premier League, Bruno Taverne, se montre encore plus tranchant : « Comment peut-on encore aligner Maguire en 2025 ? Tout s’explique si l’on analyse le premier but encaissé à Everton. Le point glané à Goodison Park est miraculeux. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi l’arbitre, qui accorde le penalty, est déjugé par la VAR. Sinon, ils perdent 3-2. S’il arrive quoi que ce soit à Bruno Fernandes, Amorim est fini. Il n’a pas l’envergure… En fait, l’effondrement du club remonte probablement au départ de Paul Scholes, qui était un véritable cerveau. C’est difficile de remplacer un cerveau (sic). »

Des statistiques inquiétantes

Avec seulement dix victoires obtenues depuis son arrivée en novembre dernier, pour vingt-deux matchs disputés toutes compétitions confondues, Ruben Amorim affiche des statistiques d’un cancre. Le Lisboète est peut-être arrivé au mauvais endroit, au mauvais moment, comme le confirme Aaron Cikaya, journaliste basé à Manchester : « Son groupe éprouve d’énormes difficultés à comprendre ses consignes tactiques. On l’a vu avec José Mourinho, Ole Gunnar Solskjær, Ralf Rangnick… Il y a un manque criant de qualité, surtout offensive, pour concrétiser les occasions. Je trouve qu’il est beaucoup trop tôt pour parler de “flop”, c’est un jugement sévère. Donnons à Amorim les moyens de recruter et laissons-lui le temps de préparer une saison complète avec une vraie pré-saison. Ses joueurs finiront par comprendre son système. Il est trop tôt pour le juger. »

« L’argent, c’est le pont d’or qui est offert à Amorim avec la garantie de pouvoir construire une équipe à un moment donné. Toute une stratégie marketing affirme qu’il est l’homme de la situation, mais la réalité de Manchester United est claire : c’est un club riche, mais ce n’est plus un grand club », rétorque Bruno Taverne, commentateur de la Premier League depuis une dizaine d’années. Ruben Amorim fera-t-il mentir ses détracteurs ? Premier élément de réponse ce mercredi contre Ipswich Town, à Old Trafford.