Débat: Shaqiri doit-il encore être titulaire ?

Andy Maschek dit : Oui

Depuis des années, la condition physique de Xherdan Shaqiri est un sujet récurrent (et qui m'agace). C'est vrai, il n'est plus à son "pime" et il a perdu sa légendaire vivacité mais qu'attendons-nous d'un joueur comme lui ? Qu'il se démène pendant 90 minutes et assure un repli défensif intensif ? Certainement pas.

Shaqiri n'a jamais été un coureur de fond, surtout quand il s'agissait de défendre. Le Bâlois n'est ni un travailleur, ni un tire-au-flanc mais plutôt un artiste. Un joueur qui peut faire la différence dans n'importe quel match. Un joueur d'instinct avec un pied magique qui peut poser des problèmes quasiment insolubles aux meilleurs gardiens du monde. Avec ce brin de génie et d'imprévisibilité que l'on ne trouve pas ailleurs dans notre équipe nationale. De ce point de vue, il est le complément parfait du capitaine Granit Xhaka, le cerveau et le pilote de l'équipe.

Les doutes sur la capacité de "Shaq" à attaquer pendant 90 minutes sont bien sûr justifiés et oui, la tendance est plutôt à ce que son autonomie dure moins longtemps, mais ne l'utiliser que comme joker en fin de match serait du gâchis. Il faut offrir à un joueur spécial comme Xherdan Shaqiri une scène à la hauteur de son caractère, ses actions décisives et ses coups de génie. Car il peut en sortir à tout moment, de la première à la dernière minute et ainsi faire basculer un match dans le bon sens pour la Suisse.

Ces jours-ci, Shaqiri a lui-même déclaré : "Il est important d'avoir sur le terrain un joueur capable de marquer un but à partir de rien". Avec cette déclaration, il enfonce le clou et soutient mon avis : Xherdan Shaqiri doit être sur le terrain dès le début et donner ainsi à la Suisse des possibilités supplémentaires de célébrer des buts.

Patrick Y. Fischer dit : non

Cet homme nous a déjà offert tant de moments de grandeur sous le maillot de la Nati. Un hat-trick contre le Honduras à la Coupe du monde 2014, le légendaire ciseau en huitième de finale de l'Euro 2016, le but de la victoire à la dernière minute contre la Serbie en 2018 ou encore le doublé lors du match de groupe décisif à l'Euro 2021 contre la Turquie. Jusqu'à présent, le nom de Shaqiri a toujours été synonyme de spectacle lors des phases finales, avec à la clé, toujours une qualification pour les huitièmes de finale.

Et c'est précisément là que le voyage de la Suisse devrait au minimum la mener cette année. Avec un Xherdan Shaqiri qui, dans l'idéal, sortirait du banc au lieu de se battre pendant 90 minutes contre des Hongrois et des Ecossais aussi défensifs que physiques ou de défendre contre des Allemands supérieurs techniquement. Car dans l'équipe nationale suisse, beaucoup savent mieux faire cela que le double vainqueur de la Ligue des Champions. Ce que personne ne sait faire en revanche, c'est influencer un match de manière décisive par une seule action, une passe, un corner ou un coup franc ou du moins jamais aussi bien que le bâlois.

Shaqiri aura 33 ans en octobre. Cela fait maintenant deux ans qu'il joue dans la Major League Soccer et les intervalles entre ses moments de génie s'allongent lentement. Dernièrement, il a fait sensation en équipe nationale dans le cadre de la campagne pour la Coupe du monde 2022 et il n'est pas irrespectueux d'affirmer qu'il est au bout du chemin. Le "Shaq" a tendance à travailler défendre un peu moins, à perdre de plus en plus de duels et sur 90 minutes, ces faiblesses peuvent devenir un problème pour la Suisse.

Par contre, pendant 20 à 30 minutes, c'est un atout indéniable car Shaqiri apporte encore beaucoup à notre équipe nationale. OUI à son côté imprévisible, son génie, sa confiance en lui et à l'espoir de faire basculer un match dans la bonne direction sur une seule action mais pas pendant 90 minutes épuisantes, mais plutôt au meilleurs des moments pour faire la différence : à partir de la 60e minute de jeu voire plus tard.