Qui est vraiment Vincent Kompany ?
À travers une analyse centrée sur sa personnalité, focus sur Vincent Kompany ou l’une des légendes du championnat d’Angleterre reconverti comme entraîneur principal.
« Je suis né à Bruxelles, mon père était un réfugié venu du Congo. Quels étaient mes chances de jouer en Premier League, de gagner quelque chose en tant que joueur et de jouer pour l’équipe nationale ? 0,00. Aujourd’hui, je suis entraîneur du Bayern Münich. Vous, vous arrêtez de croire en vous-même et en ce que vous pouvez accomplir à cause de ce que disent les autres ? L’état d’esprit c'est de continuer et à la fin : si vous échouez, vous échouez... et si vous réussissez, vous réussissez. Mais vous pouvez toujours devenir meilleur. »
Par un effet de communication, le coach principal du Bayern Münich vient de retourner la pièce, évacuant la pression mise par un journaliste après la victoire 9-2 de ses hommes lors de la 1ère journée de Ligue des Champions. Le public s’arrêtera sur la forme du message qui fera grand bruit mais l’intention et le fond construit réellement Vincent avant Kompany. Tout était calculé pour toucher bien plus que l’interlocuteur direct. À travers cette déclaration resplendit le miroir du Bruxellois conscient du contexte, de l’enjeu, de son rôle et de la représentation dont il est l’image. Kompany parle, Vincent regarde. Son mentor Pep Guardiola à qui l'on reproche souvent de ne vivre que pour les caméras applaudit, l’entraîneur belge vient d’offrir au monde l’une des facettes de sa personnalité, sans doute celle qui l’a aidé à séduire et convaincre Max Eberl de l’engager cet été au FC Bayern Münich.
Kompany ne doute jamais. Le Belge considère sa méthode comme une garantie de réussite si celle-ci est suivie à la lettre. Son projet de jeu, étudié, scripté, scruté au détail jusqu’à la maniaquerie vise le succès. Pour peu qu’elle puisse être vulgarisée par ses assistants… Ce ‘darwiniste’ visant l’excellence bâtit autour de lui un monde où les moins forts ne résistent pas. Si vous ne comprenez pas rapidement le Kompany, il vous sera impossible d’appliquer ses idées géniales et le quarantenaire se mettra alors dans une colère noire, vous serez écartés car vous aurez causé par votre incompétence l’échec de ses pensées progressistes sur le jeu. Élitiste dans sa philosophie, universitaire dans sa mise en application. Rien n’est laissé au hasard, de l’interdiction de manger du beurre au petit-déjeuner lorsqu’il était coach du Sporting d’Anderlecht aux écrans tactiles gigantesques postés en plein milieu d’un terrain de foot pour offrir à ses hommes la séance tactique à ciel ouvert la plus exigeante de leur carrière.
Un obsédé du contrôle, un as de l’ordre, un ambitieux sans empathie derrière l’image d’un diplomate. Voilà comment décrire le natif d’Uccle. Kompany ne supporte pas la défaite, un terme étranger de son lexique. Bélier de son signe astrologique, il règne toujours en lion dans son environnement, à croire qu’il oublie parfois son statut d’employé.
À Anderlecht, Vincent faisait tout. Il était au four et au moulin, le propriétaire Marc Coucke avait d’ailleurs fondu pour ses analyses académiques et rassuré sur sa volonté de vouloir ‘prendre les choses en main’ afin de rendre au club le plus titré du Royaume de Belgique ses lettres de noblesse. À cette réunion de présentation, Kompany les a bluffés. Personne n’attendait ce professionnalisme d’un homme qui devait jouer au caméléon dans un rôle de joueur-entraîneur en 2019 qu’il délaissera rapidement pour révolutionner Neerpede dès l’été 2020, ce qui fera grincer les dents de plusieurs membres au sein de la structure dirigeante. Le ‘Sporting Boy’ ne rentre pas dans les copinages, il en crée un nouveau avec son réseau et ses méthodes au point d’en devenir ingérable… Comme à Burnley, l’homme de 38 ans était au-dessus du club.
Bien que le Bayern possède des pare-feux suffisamment puissants avec un conseil d’administration parfaitement au courant de ses déviances, le passif du Bruxellois aura laissé des traces. L’exode estival des joueurs amenés par ‘Vince the Prince’ chez les Clarets en est la preuve la plus éclatante. Ce n’était plus Burnley mais le VK Football Club. Comme au RSCA, il était la plaque tournante… Imposant un troublant cocktail mêlant crainte, respect, inspiration et défiance à Gawthorpe Hall.
Le fameux « Stop fucking moaning! » (en français "arrête de gémir p***!") issu de la série produite par Sky Sports UK ’Mission to Burnley’ n’est qu’un infime exemple de ce constat. Dans cette engueulade, l’ancien Diable Rouge s’en prend vigoureusement à Johann Berg Gudmundsson. Sa victime ici n’est pas choisie au hasard… En plus d’exprimer le fond de sa pensée, il en profite pour asseoir son pouvoir au sein du vestiaire. Il écrase puis re-cadre l’un des membres les plus anciens et respectés du groupe, comme un ordre assené afin de lui signifier qui est le patron. Rien n’est jamais innocent chez Vincent Kompany, ce grand amateur du jeu d’échecs, partisan du pouvoir à tout prix.
L’intéressé se justifiera plus tard en conférence de presse mettant en avant : « le message derrière » comme étant « la partie clé » de ce qui reste un craquage… « Ce n’est pas comme si tu te mettais en colère face à un jeune qui n’a pas d’expérience et serait une cible facile. Quand tu t’énerves, tu t’énerves auprès d’un élément majeur parce que tu sais à quel point il est important que ce type de joueur montre l’exemple… »
Tout est dit. Partout où il est passé, Vincent Kompany a réussi a imposer son génie, obtenu des résultats probants et participé au développement des clubs qu’il a dirigé.
Mais à quel prix ?