Qui est vraiment Luis Campos ?
À travers plusieurs témoignages, Sky Sport lève le voile sur les mystères qui entourent le directeur sportif portugais du Paris Saint-Germain.
Personnage truculent du football français, Luis Campos a souvent suscité de nombreux fantasmes, alimentant notamment la presse française… et parfois aussi son imagination. Depuis son arrivée avec les pleins pouvoirs à l’été 2022, le Portugais n’a laissé personne indifférent. Tantôt dictateur en quête d’ordre et d’un respect certain de la hiérarchie, tantôt ami des joueurs importants qui pourraient asseoir son pouvoir en interne.
Comme le révèle une source proche du club parisien : « Luis Campos est un monsieur très secret. Il a une espèce d’aura, comme un faiseur d’or qu’on recrute pour les coups exceptionnels qu’il a réussi à son époque monégasque, comme Bernardo Silva ou encore Fabinho, même s’il y a pas mal de dossiers qui, en fait, avaient été lancés par son prédécesseur… » Ce succès, à la fois sportif et financier, a fait sensation et qui, aujourd’hui encore, résonne encore lorsqu’on évoque sa réputation. Mais le dirigeant portugais a-t-il justement récolté les lauriers suite à l'explosion de ces joueurs ou était-il simplement au bon endroit pour leur permettre d’assurer une évolution fluide et naturelle de leur carrière ? Un peu des deux.
Un bilan partagé, où la finalité est peut-être moins ronflante qu’il n’y paraît. Comme à Lille où, malgré un titre de champion de France en 2021, on n'hésite pas à tempérer ces réussites : « on oublie aussi qu’il a un taux de déchet énorme… » nous glisse un proche du club.
Sa faculté à naviguer entre les lignes intrigue. Parfois conseiller, parfois directement salarié du club comme à Monaco… son statut attise les convoitises mais aussi la confusion : « Il est toujours conseiller, c’est-à-dire qu’en fait, il est une sorte de prestataire… Tu achètes ses services et tu ne sais jamais s’il travaille pour le club ou s’il travaille pour lui-même. Il laisse traîner ce sentiment qu’il est dans le club sans y être parfois », allant parfois jusqu’au mélange des genres, comme lorsqu’il cumulait à la fois son travail au Celta Vigo et au Paris Saint-Germain… suscitant des questions légitimes sur sa lisibilité.
Commentateur pour Canal+ International, le journaliste Eric Huet a suivi de près l’époque monégasque de Luis Campos, lui reconnaissant une méthodologie dans le recrutement assez remarquable : « C’est un travailleur qui a un temps d’avance sur ses concurrents. Il prépare des plans A, B, C en fonction de tel ou tel joueur et ce, par rapport au prix demandé et à son potentiel de revente. Il sait cataloguer poste par poste, en fonction de l’âge, et même s’il ne parvient pas à dénicher sa priorité, il aura toujours une solution équivalente pour le remplacer. C’est ce qui a fait une grande partie de son succès. »
À Paris, Luis Campos a dû adapter son fonctionnement. Alors que le PSG a de tout temps pris l’habitude de surpayer ses talents, le Portugais a mis en place un système de rémunération à la performance, calculé en fonction du nombre de matchs joués et de tours passés en coupe d’Europe. Malgré les réticences de certains agents, trop mal habitués par les directions précédentes, le directeur sportif des champions de France en titre peut se targuer d’avoir su maintenir un équilibre entre les dépenses et les revenus depuis son arrivée.
Luis Campos est un homme qui sait se protéger et lier des amitiés… même avec la presse. Comme le confirme un journaliste français qui a voulu garder l’anonymat : « Il a une très bonne image car il connaît parfaitement le jeu médiatique. Rares sont les articles à son encontre parce qu’il abreuve d’informations certains journalistes clés, des suiveurs du PSG. En échange de certaines informations, il obtient des relais directs ou indirects qui nuancent son bilan. Tout cela va donner un éclairage sur son travail et tu t’apercevras que lorsqu’on parle de lui, c’est souvent pour expliquer qu’il a réussi. »
Alors, pourquoi n’a-t-il pas encore prolongé son contrat ? Peut-être parce qu’à Paris, il manie les coups d’éclat géniaux durant les fenêtres de transferts avec les arrivées de Vitinha ou Joao Neves et les accès de colère noire contre les joueurs qui lui échappent, comme Rayan Cherki. Le Lyonnais se souviendra encore de certains messages salés…
Parmi les conflits que Luis Campos a dû gérer, on ne peut éviter le sujet Mbappé. Nasser Al-Khelaïfi l’avait même tenu responsable de la situation déplorable à l’été 2023, au point de pousser l’altercation jusqu’à la menace… « À ce moment-là, il n’était pas loin de prendre la porte et c’est la résolution du conflit avec Kylian qui lui a sauvé la tête », nous confie une source proche du dossier, qui confirme aussi que la signature de Randal Kolo Muani a créé des remous : « C’était une sorte de petit bras d’honneur fait par Nasser Al-Khelaïfi pour bien montrer qu’il ne fait pas tout ce qu’il veut. Lui qui avait tout fait pour faire signer Gonçalo Ramos voyait Kolo Muani comme un frein à son épanouissement. Il n’a pas bien vécu le fait que l’agent du joueur, Moussa Sissoko, ait une influence aussi, voire même plus grande que lui, auprès de Nasser, et cela l’a fait se sentir à l’écart… Heureusement pour lui, aujourd’hui, l’homme du PSG, c’est Luis Enrique. »
Depuis lors, le rapport de force s’est inversé. Le Portugais n’est plus le personnage principal du film, c’est Luis Enrique qui dirige, au point que lorsqu’il discute avec des agents, le directeur sportif précise que sa demande reste, avant tout, celle du coach espagnol et qu’il prend simplement langue avec la partie concernée pour l’exécuter. Lui qui était le décisionnaire pour négocier devient l’exécutant qui recrute avant tout selon les besoins du coach. Son excellente relation avec l’Espagnol lui a d’ailleurs souvent permis de passer entre les gouttes, Luis Enrique prenant souvent position en sa faveur, notamment au sujet de sa prolongation de contrat. Des sources nous confirment d’ailleurs que les deux hommes s’étaient promis d’étendre leur aventure ensemble, au même moment et pour une durée de deux ans… sauf que le natif de Gijón a prolongé le 7 février dernier pour deux ans, et pas Luis Campos. Un épisode qui a créé un mélange d’incompréhension et de crispation.
Arthur Perrot, journaliste à RMC et spécialiste du PSG, pense que « leurs destins ne sont plus forcément très liés aujourd’hui. Tu en as un qui a prolongé pour deux ans supplémentaires, et l’autre dont les négociations sont dures, âpres, et où on a cru comprendre que ce qui bloquait surtout, c’était la rémunération. Le Portugais voulait une vraie revalorisation, le PSG lui a fait une proposition qui ne répondait pas à ses attentes ! »
Conscient de ses qualités de recruteur, le Paris Saint-Germain pourrait se laisser le temps de la réflexion jusqu’en fin de saison dans le dossier Luis Campos. Le temps de balayer certains doutes qui pourraient orienter la décision finale du propriétaire Tamim ben Hamad Al Thani.