PSG vs Aston Villa : 3 enseignements du match contre Liverpool, qu'Aston Villa va essayer d'exploiter
Vainqueur de Liverpool, le PSG va donc retrouver son ancien entraineur en quart. Titulaire de quatre trophées européens, Unai Emery n’a pas son pareil au moment de cibler les points faibles d’un adversaire, et d’orienter la partie sur ce terrain. Ultra-dominateurs à Anfield, les Reds d’Arne Slot ont certainement mâché le travail préparatoire du tacticien espagnol. Forcé à défendre et incapable de prendre l’initiative du jeu comme à son habitude, c’est bien à une résistance précaire que le PSG doit son salut. Un match dans lequel le caméléon Basque va forcément piocher pour tenter de déséquilibrer les Parisiens
Alors que Villarreal reçoit Liverpool avec deux buts de retard en demi-finale retour de la Champions 2022, la conférence de presse de Jürgen Klopp gravite autour d’un thème, relativement surréaliste : comment digérer l’élimination - tout à fait envisageable - qui se profile potentiellement face au Sous-marin Jaune ? Une figure invisible plane dans la salle de presse de l'Estadio de la Cerámica : celle d’Unai Emery.
🗣 "You never know if you will reach the semi-final again"
— Sky Sports News (@SkySportsNews) May 2, 2022
🗣 "We have an exceptional team here and nothing is for granted"
Klopp looks ahead of Liverpool's game with Villarreal 👇 pic.twitter.com/HkTV9G2hM3
Vainqueur de la Juve puis du Bayern dans un ¼ épique, l’entraineur Basque - un an après avoir mené la modeste bourgade au triomphe continental (Europa League) - tutoiera à nouveau l’exploit, alors que la bande à Etienne Capoue mène 2-0 après 41 minutes et le but – Emeriesque s’il en est – de Francis Coquelin.
« Si nous défendions, comme certains l’ont fait ici, alors… »
— Victor Lefaucheux (@Premieretouche) April 13, 2022
Analyser l’adversaire, c’est avant tout analyser l’adversaire de l’adversaire, ses succès et ses échecs dans certains aspects du jeu, face à l’equipe qu’on analyse. #Emery pic.twitter.com/kkpbH5AgvY
Quelques mois plus tard, le Basque est débauché par Aston Villa, alors moribond sous l’égide de S. Gerrard. À l’issue de sa première saison complète en PL (23-24), Emery ramène les Villains en Champions League, et désormais dans le top 8.
Avant / Après #Emery pic.twitter.com/Pjd3Wt27ST
— Victor Lefaucheux (@Premieretouche) March 18, 2023
Dans un rendez-vous au timing quasi-providentiel, le PSG (et son entraineur…) retrouve donc le technicien espagnol et sa légendaire capacité d’adaptation tactique. Lucho et son club en savent tous les deux quelque chose : Lorsque Paris étrille Barcelone au Parc en 2017, c’est depuis le banc visiteur que l’Asturien assiste au massacre de son animation défensive, parfaitement annulée par le 4231 du Basque, toujours capable de mobiliser les bons leviers pour sortir de la pression même la mieux pensée.
L’animation défensive du PSG, et ses prérequis
On l’aurait presque oublié dans l’euphorie de la qualification : le PSG a été largement dominé à Anfield. Une élimination n’aurait rien eu d’irrationnel au vu du contenu de la rencontre. Si les Parisiens ont su piquer les Reds sur un contre bien mené pour égaliser, ils n’ont quasiment pas posé le moindre temps de jeu placé abouti sur la pelouse d’Anfield.
Défensivement, ils ont tenu. Sans empêcher Liverpool de créer de nombreuses situations, d’un déséquilibre à minima partiel. Dans une entame aux allures de tempête, les Reds ont vite pris la mesure de l’animation défensive du PSG. Avec deux arguments principaux : leur rythme et une systématique supériorité numérique au cœur du jeu.
Rappel nécessaire, le PSG défend en zone mixte. Un mélange de marquages individuels (les milieux de terrain) et de défense en zone (le back4). Pour faire clair : le milieu du PSG se calque sur celui de l’adversaire, alors que la défense, quant à elle, reste haute et alignée pour maintenir le bloc court verticalement. Elle n’a pas vocation à se caler sur les mouvements adverses, sauf en cas d’urgence.
Ainsi, si l’adversaire du PSG trouve un moyen de se prémunir de ces marquages individuels, il se trouve en position de briser l’alignement de cette défense que Lucho veut voir bien haute. On va voir que Liverpool a su créer cette situation à maintes reprises.
Autre réalité de cette approche : l’attaque parisienne se trouve de fait en infériorité numérique (3 vs 4) face au back4 adverse. Ainsi, Paris doit absolument maîtriser un levier pour compenser ce désavantage : soit un coulissement fluide, soit un joueur qui monte d’un cran, venu d’une autre ligne.
Face à l’organisation de Liverpool, c’est Hakimi qui est choisi, mais charge à Emery d’anticiper quel parisien (ça peut être un milieu) aura cette tache face à son équipe.
1) Un rythme effréné
Ce parti-pris est inhérent au style offensif qui a fait le succès d’Arne Slot : Le technicien hollandais aime produire des surnombres sur de petits périmètres, tout en ayant une équipe extrêmement verticale et donc étirée en longueur.
En profitant de la technicité de ses joueurs, il crée des possibilités (certes précaires) de jouer vers l’avant et en profondeur. C’était très net sur certains buts marqués en PL cette saison, comme récemment face à City.
Liverpool prend donc les commandes dès l’entame de la partie, et va vite se créer une double énorme occasion, en appuyant sur ces deux leviers :
- Un surnombre, dans l’axe du terrain, face au 3v3 de Paris
- En jouant / remettant en jeu extrêmement vite, et faisant en sorte de mettre le plus vite possible le PSG en situation de défendre dans l’urgence
On voit nettement cette précipitation volontaire, et très utile, dans le dégagement d’Alisson pour Salah qui va précéder la première semonce Red.
Quand Robertson effectue la touche obtenue dans le camp adverse, Liverpool a clairement un temps d’avance sur Paris, qui a besoin de quelques secondes pour mettre en place le délicat coulissement des attaquants mentionné plus haut.
Servi dans les pieds, Van Dijk surprend le back4 parisien avec un ballon en profondeur adressé à Szoboszlai. On voit d’ailleurs que le décrochage de Gravenberch sollicite Dembélé, fautif de ne pas être au contact de VVD.
Numéro 10, le Szobo est en théorie sous la responsabilité de Vitinha. Mais la dimension mixte de l’animation défensive et (donc) courte (verticalement) du bloc, invite à le mettre hors-jeu. Ce qui est déjà le cas pour Jota et Diaz comme on le voit ci-dessus.
Les Reds sèment la confusion dans l’alignement parisien : Nuno choisit de reculer, assurant à Szobo d’être onside. Pacho épouse donc logiquement la course diagonale du Hongrois, sans toutefois pouvoir intervenir. Il se contente de le cadrer, mais Paris a perdu sa structure.
Lorsque Szobo met le ballon au sol, MacAllister, par sa course, se défait du marquage de Joao Neves. Face à lui, la défense va tenter à nouveau de s’aligner. Après une légère feinte de frappe, son accélération subite la fend, et l’Argentin ne prend pas le tir croisé du gauche qui s’offre à lui.
Il choisit de servir Salah dont la frappe à bout portant est miraculeusement déviée par Nuno. Deux angulations extrêmement favorables très tôt dans la partie qui traverseront forcément l’adaptateur HDMI du coach basque.
Entre le dégagement d’Alisson et la remise en jeu de Robertson, il ne s’écoule que 23 secondes. Durant lesquelles Paris doit non seulement gérer une situation d’urgence vers son but, mais également redéclencher une pression bien coordonnée. Après seulement trois minutes de jeu, cela se finit avec deux énormes fenêtres de tir pour les Reds.
Un levier opérationnel que les Reds vont mobiliser à plusieurs reprises, maintenant dans la rencontre un rythme à leur avantage.
2) 4 contre 3 au cœur du jeu
L’autre argument qui aurait pu être fatal au PSG, et sur lequel Emery ses Villains appuieront à coup sûr en phase offensive, est donc l’incapacité relative des Parisiens à aller au-delà du "chacun son joueur" assigné systématiquement à Vitinha, Fabian et Neves.
Notamment via Trent, et sa position hyper-intérieure, mais également via les déplacements de Luis Diaz et Jota, les Reds ont clairement mis à mal ce système de marquages mixtes, avant tout conçu pour annuler ce qui est prévisible, ou évident.
Comme dit plus haut, le 3 contre 4 que devaient gérer Kvara, Dembélé et Barcola est également un argument sur lequel Liverpool a appuyé.
Dans ce début de match orageux, une séquence met particulièrement en lumière l’incapacité des Parisiens à dealer avec ces surcharges intérieures, dès la 7e minute.
Sur une touche qui part du même endroit que celle mentionnée plus haut, Van Dijk est cette fois-ci logiquement, immédiatement chargé par Dembélé. Ailier opposé, Kvara se tient quant à lui prêt à gicler sur Konaté, alors que Trent (latéral opposé) est en quelque sorte (logiquement) abandonné.
Pour autant, et comme il a l’habitude de le faire, l’Anglais va poser énormément de problèmes à l’adversaire par sa position intérieure. Il vient se placer devant Konaté, quasiment sur la même ligne verticale. Kvara répond logiquement en coupant la relation entre les deux.
Mais Salah, long de ligne, va faire une différence. Suivi par Nuno, il peut quand même remettre le ballon à l’intérieur, ce qui garantit de trouver un rouge face au jeu, alors qu’il n’y a que trois milieux parisiens pour marquer le cœur du jeu. Même si Ruiz gère bien le changement de marquage (récupérant Trent), Salah finit par trouver Gravenberch face au jeu.
Le back4 du PSG ne peut pas accompagner Nuno dans son "suivi" de Salah : Jota et Diaz sont prompts à attaquer la profondeur, et maintiennent la défense assez basse pour couvrir Trent.
Fort heureusement pour Paris, l’ancien Ajacide ne lance pas TAA, pourtant idéalement placé, et laisse passer une nouvelle belle opportunité de déséquilibrer le PSG.
Quelques secondes plus tard, c’est le latéral anglais qui rate l’opportunité de se retourner, alors que Nuno avait logiquement reculé face à la menace Salah en profondeur.
On peut ajouter à cela la consigne, visiblement transmise à Mac Allister de constamment mobiliser et désaxer Neves, ouvrant de fait cet espace halfspace droit pour Trent.
Nécessairement, il faut s’attendre à une manipulation des marquages du PSG inspirée par ces potentialités de la part du caméléon Emery.
3) Hold the trap / beat the trap
C’était déjà identifiable à l’aller, et notamment sur l’action qui précède l’égalisation : la qualité et la tenue de l’alignement est un enjeu primordial pour Paris.
Gol anulado a Szoboszlai para el Liverpool por fuera de juego de Luis Díaz #UCL pic.twitter.com/B0eSXQLQGC
— MARCA (@marca) March 11, 2025
Après ce match drainant physiquement et nerveusement pour Paris, une action "type" ressort : Le PSG a subi à la fois les surnombres autour du ballon et les appels multiples dans la profondeur des Reds.
Face à ces déferlantes, on a la sensation que l’alignement de la défense fut salvateur pour Paris, bien que la dimension passive de cette approche donnât l’impression de séquences à demi-maitrisées, sur lesquels le PSG n’avait pas vraiment son destin en main.
On le ressent bien, plus haut, avec Vitinha qui fige littéralement ses appuis pour fermer l’axe du but à Mac Allister, avant d’être éliminé comme un plot.
Même dans des situations précaires, les Reds ont souvent été en position – par la force de cet entassement – de trouver ce fameux joueur onside, dans le dos de la défense. Ce qu’ils n’ont pas réussi à faire, et ce pourquoi le PSG mérite également du crédit.
À plusieurs reprises, notamment juste avant la mi-temps (43e) et un peu après (53e), la frappe sur le poteau de Trent qui a laissé Donnarumma totalement impuissant, avant que le ballon ne soit poussé dans le but, Paris va passer à chaque fois, une minute en enfer. Le but de Szobo sera bien sûr refusé, comme l’aurait été un poteau rentrant de Trent, pour un hors-jeu plus tôt dans l’action. Une séquence qui réunit d’abord les premiers ingrédients cités : vitesse d’exécution, et recherche du joueur supplémentaire intérieur.
Alisson va vite jouer chez Mac Allister, alors que Neves s’était projeté sans succès, la sortie d’Hakimi génère un premier déséquilibre, assumé par Paris.
Dans le plus pur style Slot, Liverpool va trouver Trent entre les lignes grâce à la menace Salah, avant de profiter du duo Robertson – Jota à gauche, face auquel le back4 parisien (de fortune) va se trouver vulnérable.
Le troisième élément, précairement à l’avantage de Paris, pourrait être l’alignement.
Ayant perdu Hakimi dès le début de l’action, Paris va voir Vitinha, tout comme Pacho être forcés de sortir, et finir avec une défense à trois de fortune Marquinhos – Nuno – Kvara.
Robertson dispose de quatre options sur un petit espace. À ce moment, c’est véritablement l’alignement des Parisiens qui les sauve, alors que Diaz va se trouver mis très légèrement hors-jeu par Nuno, comme on le voit ci-dessous.
Le PSG reperd le ballon et concède la touche : Une fois de plus Liverpool fixe et pilonne, plutôt que de renverser. VVD trouve un angle laser pour redonner le cuir à Robertson. L’Écossais évite l’interception d’Hakimi et trouve Diaz, qui se tourne, et va fixer Marquinhos, alors que Jota se tient prêt à déclencher.
Le PSG est perforé, mais à nouveau, c’est son alignement qui va le sauver : Pacho reste dans le projet et s’aligne, mettant ainsi Diaz hors-jeu, tout en restant orienté pour contrôler sa course. Jota est choisi par Diaz et l’action – à la VAR – s’arrête là. Pour autant, Marquinhos était loin de pouvoir intercepter cette passe du Portugais pour le Colombien.
Même si le hors-jeu sera signalé à posteriori, on peut remarquer avec quelle passivité, quel manque de capacité à intervenir, le PSG se fait littéralement mitrailler par Trent, qui va prendre deux fois son propre rebond offensif.
Aucun parti pris défensif n’est positif dans l’absolu : L’alignement et la structure seront toujours trop passifs, bien que couvrant équitablement les espaces ; et le marquage individuel / la déstructure créeront toujours des espaces libres, s’ils sont bien manipulés, bien que permettant une prise en charge active des éléments les plus créatifs.
Ainsi, cette passivité ou cette "immobilité" qui sauve Paris sur ces séquences, sera certainement ciblée par Emery, dont la marque de fabrique est de sanctionner un adversaire trop "quelque chose", ou pas assez "autre chose". Si le Basque trouve le moyen de battre le hors-jeu, la capacité des Villains à fuir le pressing du PSG pourrait être une clé déterminante, notamment du retour s’ils ne compromettent pas leurs chances au Parc.
D’autant plus que certains moments européens racontent la même histoire côté PSG. Comme le contenu du déplacement à l’Emirates, où Arsenal avait parfaitement ciblé ces caractéristiques défensives du PSG, incapable de gérer la course d’Havertz, alors que Saka était hors-jeu.
Ce but met en lumière les failles dans l'alignement du PSG, et fait écho au 1-0 d'Arsenal.
— Victor Lefaucheux (@Premieretouche) November 7, 2024
Il est logique que Vitinha ferme le🦶droit du droitier, mais Pacho est trop loin quand Correa referme son pied, avant d'armer du gauche.
Et Lino était onside en cas de ballon repoussé... pic.twitter.com/xvRjDAAXoe
Arsenal, avait en somme, avait fait mieux que Liverpool… Et sera du coup surement présent sur les écrans du centre d'entraînement d'Aston Villa.