Mitchy Ntelo: Le Belge qui va briller en Swiss Super League !

Le monde du football offre souvent des parcours professionnels atypiques. Mitchy-Yorham Ntelo en a forgé son caractère. Ne l’appelez surtout pas Yorham, le natif d’Uccle à Bruxelles (et pas à Liège) vous en voudrait : « Il n’y a que ma mère qui m’appelle comme ça, c’est le surnom qu’elle me donne. »

Mitchy, donc… débarque à Yverdon Sport à 23 ans avec le sentiment de commencer sa carrière : « Je n’ai pas encore vécu cette fameuse année où tu te dis ’C’est bon! J’ai fais ma première saison pro.’ On peut donc dire que le vrai démarrage se fait ici, à 23 ans. C’est peut-être tard mais je me trouve encore jeune. »

Celui qui doit améliorer sa gestion temps fort-temps faible s’estime à 70% de son potentiel : « À présent, je sais ce que je dois faire sur et en dehors du terrain. Travailler davantage… Cela a été mon péché mignon plus jeune. Je ne comprenais pas l’importance du travail externe. Aujourd’hui, je m’applique et si je continue, je pourrais faire de grandes choses. »

Mitchy Ntelo était un grand prospect du Standard de Liège où il parfait sa formation jusqu’en juillet 2020 avant d'intégrer le groupe de l’équipe première. Ce fan d’Erling Haaland avait même réalisé une pré-saison 2020/2021 tonitruante avec le club belge avant d’être finalement rétrogradé en réserve : « Cela a trotté dans ma tête. La 1ère fois que je suis arrivé à Liège, je suis passé devant le stade et je m’étais fais la promesse d’y jouer un jour. Malheureusement, cela n’est pas arrivé. Ceci dit, je n’ai aucun regret. Ce n’était peut-être pas mon temps. »

Doté de la finesse technique de tout footballeur gaucher qui se respecte, Mitchy reste à l’aise dans le jeu court malgré son mètre quatre-vingt huit et adore dévorer les espaces : « Je veux me servir de la profondeur dans le dos des défenseurs pour aider l’équipe et marquer le plus de buts possibles. »

Mis de côté au Standard de Liège, le buteur pensait avoir fait le bon choix le 3 août 2022 en apposant son stylo en bas d’un contrat qui l’engageait au Sporting Charleroi mais le Bruxellois a plutôt vécu une douloureuse épreuve : « J’intègre le noyau au début de la saison, réalise la préparation estivale. Après quelques bons mois et des entrées en jeu, je me blesse à la mi-septembre 2023 avant d’affronter Courtrai en championnat. Je suis écarté pendant un mois. Quatre semaines plus tard, et un jour après mon retour à l’entrainement, on m’annonce que je redescends avec l’équipe réserve. Cela m’a fait vraiment mal… Comme si j’avais fait trois pas en arrière. Je revivais la même horreur qu’au Standard. J’étais effondré, avec ce sentiment de ne pas avoir les armes pour pouvoir lutter car on décide pour toi, une forme d’impuissance… Ce moment si difficile a forgé le caractère que j’ai aujourd’hui. »

Un mental d’acier qui l’aide à accepter l’improbable défi bulgare quelques jours avant la fin du marché des transferts. Mitchy Ntelo n’a pas le choix et file à Plovdiv : « Au début, je n’étais vraiment pas chaud. Je ne connaissais aucune équipe mis à part Ludogorets. Quand tu joues au football, tu ne te dis jamais ‘je vais aller jouer en Bulgarie!’ mais à 22 ans, j’en avais vraiment besoin. J’étais encore en espoirs… Je me suis dis : ‘Tu avances en âge, il est temps de passer un palier.’ Quoi qu’il arrive, c’était ça ou jouer dans des divisions inférieures en vivant d’un métier qui n’aurait pas été ma passion. Ce que j’ai toujours redouté… C’est ça qui me faisait peur. »

Six mois, cinq buts et une passe décisive plus tard… Mitchy Ntelo tape dans l’oeil du Yverdon Sport FC. Le club suisse dépense 700.000 euros et assure sa venue en provenance du Lokomotiv Plovdiv, de quoi rajouter de la pression sur ses grandes épaules… « Quand je suis arrivé ici avec ma famille, on savait pourquoi on était là. Je vis au jour le jour, je sais que les choses se feront naturellement car j’ai confiance en mon football. Je suis sûr que je pourrais apporter ma plus-value à l’équipe. »

Celui qui veut inscrire au moins dix buts toutes compétitions confondues avec l’YS cette saison possède une vision affinée de son rôle : « Plus jeune, je ne jugeais pas ma performance en fonction des chiffres. J’entrais sur le terrain pour m’amuser… Si je ne marquais pas, ce n’était pas grave. Aujourd’hui, on est dans un monde où les statistiques sont si importantes que je préférais faire un mauvais match et inscrire un but plutôt que de réaliser un grosse performance sans être efficace. J’ai changé mon fusil d’épaule. »

Mitchy Ntelo a déjà inscrit un premier but avec Yverdon le 13 septembre dernier en Coupe de Suisse. De quoi espérer une saison fertile sur les terres de la Swiss Super League…