Maxim De Cuyper ou l’éclaircie dans la grisaille belge
Buteur contre l’Italie en Ligue des Nations, le latéral gauche s'est mis en avant malgré le naufrage belge à Rome. Portrait découverte.
On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Une gueule d’ange aux cheveux bouclés né dans l’une des villes les plus riches de Belgique, une formation quasi-complète dans un seul et même club… à Bruges, Maxim De Cuyper suit l’itinéraire de l'enfant prodige.
À 23 ans, le gaucher a pris le temps dont il avait besoin avant de s’imposer chez les champions de Belgique. Prêté à Westerlo durant deux saisons, De Cuyper fait ses gammes en Campine dans un club belge du ventre mou où il inscrit quinze buts et délivre douze passes décisives. Loin des petits papiers de la direction des Blauw&Zwart, le natif de Knokke-Heist provoque, convainc et oblige son employeur à le reconsidérer analyse Mathias Dierckx, co-fondateur du podcast De Knokke spécialisé sur le Club de Bruges : « C’est un des rares à être revenu d’un prêt pour ensuite s’imposer en tant que titulaire. D’habitude, nos jeunes ne reviennent jamais et quand c’est le cas, ils finissent sur le banc voire en tribune. Maxim, lui, a fait son retour par la grande porte à Bruges ».
Amoureux des Blauw&Zwart, De Cuyper est « vraiment un gars du Club » poursuit Mathias Dierckx : « Quand tout allait mal et qu’on enchaînait de mauvaises prestations, jusqu’à perdre en Coupe d'Europe contre les norvégiens de Molde, Maxim De Cuyper était - à l’inverse de certains coéquipiers dans le vestiaire - totalement déconfit. De base, c’est un abonné du club, son premier supporter… Quand l'équipe preste mal, cela lui prend la tête puissance 1000 ! »
Au lieu d’améliorer ses points faibles, De Cuyper perfectionne ses points forts comme l’explique Mathias Dierckx : « Avec la deuxième équipe de Bruges, il était considéré comme trop frêle et cela lui a toujours été beaucoup reproché. Pour palier à ce manque de physique, il a voulu équilibrer par un niveau technique élevé et a demandé à pouvoir tirer toutes les phases arrêtées. Aujourd’hui, c’est sa grande force. »
Un défenseur aux allures de piston
Au rayon des qualités : « Il a un centre juste incroyable! » affirme le podcasteur Mathias Dierckx : « Notre buteur Gustaf Nilsson a même dit publiquement qu’il ne pouvait pas se passer de ses centres tant il en était tributaire à l’entrainement et durant les matches. » ce que confirme l’un des analystes les plus pointus en Belgique francophone sur la sélection, le journaliste au média Le Vif, Guillaume Gauthier : « Son grand point fort, c'est évidemment tout ce dont il est capable à l’aide de son pied gauche lorsque les Belges ont le ballon. Il a le profil du latéral des années 2020, qui peut non seulement déborder mais aussi venir à l'intérieur du jeu pour combiner. Que ce soit sur le flanc ou dans le demi-espace, il a plusieurs moyens d'être dangereux et n'est donc pas facile à lire ou à neutraliser… »
A t-il pour autant les atouts pour combler le manque dont souffre la sélection à ce poste? Guillaume Gauthier l’affirme : « Clairement, c'est une solution durable et pas seulement par défaut, mais parce qu'il a le potentiel pour devenir un bon arrière gauche au-delà de la Jupiler Pro League… »
Reste à savoir si De Cuyper pourra solutionner le casse-tête d’une décennie. Depuis la Coupe du monde au Brésil en 2014, la Belgique n’a plus jamais trouver un référent à ce poste. Un désert supérieur à dix ans qui a obligé l’ancien sélectionneur Roberto Martinez à opter pour une défense à trois en imposant Yannick Ferrera Carrasco à gauche dans un rôle contre-nature.
Selon notre journaliste Guillaume Gauthier, même s’il doit progresser, De Cuyper pourrait s’émanciper chez les Diables Rouges : « Ce qui est potentiellement intéressant pour la Belgique, c'est que ses zones d'influence peuvent vraiment être complémentaires avec celles de Doku. Dans la période de flou que traverse la sélection avec la nouvelle génération, ça peut clairement être une fondation sur laquelle bâtir le projet offensif tout en sachant que le collectif devra être équilibré défensivement pour tenir le coup, parce que c'est pas le duo le plus brillant dans le jeu sans ballon… »
Alors, où se situe sa marge de progression ? « Elle est défensive!» argue Guillaume Gauthier: « Ses interventions dans la surface sont perfectibles et il éprouve encore des difficultés à se connecter avec ses coéquipiers en défense quand l'action de jeu se déroule de l'autre côté. Il est suffisamment dynamique pour être difficile à dribbler, mais quand il doit fermer à l'opposé, il manque de détermination dans ses interventions et de justesse dans son placement… » une analyse partagée par notre podcasteur Mathias Dierckx qui pointe De Cuyper comme « un joueur tellement porté vers l’avant qu’il en oublie son travail défensif! Je pense que le club qui investira environ quinze millions d’euros pour le recruter voudra l’utiliser comme piston pour qu’il se lâche offensivement avec la sécurité d’avoir trois défenseurs derrière lui pour couvrir les espaces qu’il laisse… »
Ce soir contre la France, la révélation Maxime De Cuyper pourrait remporter plus qu’un match en confirmant sa montée en puissance et s’installer définitivement dans le onze de base de l’équipe nationale de Belgique.
