Loïs Openda, le Liégeois supersonique
À travers une analyse détaillée de son profil footballistique, zoom sur l’un des attaquants les plus prisés de la Bundesliga.
Plus de septante-six pour cent. C’est le chiffre étourdissant qui résume l’implication de Loïs Openda dans les buts du RB Leipzig depuis ses débuts chez les Roten Bullen. Une adaptation parfaite à l’identité d’un club, détesté par certains supporters-conservateurs du football allemand, mais qui a réussi à faire valoir ses idées progressistes pour exister dans un des temples du football européen dont les dictats sont présidés par la vieille garde munichoise et ses relais médiatiques.
Depuis son arrivée en juillet 2023, le Liégeois explose les compteurs, effaçant de l’ardoise son coût, c’est-à-dire environ quarante-cinq millions d’euros, bonus compris, investis par des dirigeants ravis malgré une dépense inédite concédée en vue de recruter ce profil à haut potentiel que le RasenBallsport devait encore polir, comme le confirme Guillaume Gauthier, journaliste au Vif et analyste du football belge : « Que ce soit à Leipzig ou Salzbourg, les clubs issus de la galaxie Red Bull travaillent énormément sur le perfectionnement individuel des joueurs. On l’a vu avec Haaland qui, lorsqu’il débarque de Norvège, ne joue quasiment pas en Autriche… parce qu’il passe son temps sur le terrain d’entraînement à travailler cette fameuse première touche. Leipzig est capable de faire progresser individuellement ses joueurs sur un éventail d’aspects impressionnants et ce, grâce au travail spécifique ».
Interrogé, son entourage professionnel nous parle d’un homme qui suit toujours son premier instinct, focalisé sur l’instant présent, et empreint d’un état d’esprit assez relaxe : « Si Loïs reçoit de l’amour et de la confiance, il est inarrêtable. C’était le seul problème au Club de Bruges où Philippe Clément (son coach lors de la saison 2019-2020) ne lui en a jamais donné ». Depuis le début de sa carrière, Openda a toujours fonctionné étape par étape, sans jamais les dépasser. Alors qu’il jouait encore au RC Lens, l’attaquant pouvait signer en Premier League, mais comme tout est toujours une question de confiance avec lui, il a préféré décliner : « Depuis qu’il a 18 ans, on savait que Leipzig serait le club pour Loïs et ce, dans le championnat idéal pour qu’il puisse confirmer son potentiel… »
Si le Diable Rouge impressionne par sa vitesse et sa capacité d’accélération, il n’en reste pas moins perfectible. Quand son entourage professionnel nous parle « d’un travail à faire dos au but », le journaliste belge Guillaume Gauthier aborde un autre axe : « Sa marge de progression se situe dans tout ce qui concerne l’aspect finition dans la surface, principalement sur des centres. On le voit avec la Belgique… En équipe nationale, il sent assez mal les coups et est souvent en décalé par rapport à la zone où il devrait être pour finir les actions. Il doit vraiment améliorer sa présence dans le rectangle adverse ».
Avant sa brillante prestation contre l’équipe de France en octobre dernier avec les Diables Rouges en Ligue des Nations, Loïs Openda a longtemps souffert de la comparaison avec le meilleur buteur de l’histoire du football belge, Romelu Lukaku. L’attaquant du Napoli n’est pas éternel et déjà se lance le débat de son futur remplaçant dans le plat pays, mais le buteur liégeois peut-il vraiment s’épanouir seul en pointe ? « La question n’est pas spécialement d’être seul en pointe ou à deux devant ! » rétorque l’analyste belge Guillaume Gauthier : « À Lens, il était accompagné mais jouait essentiellement seul devant… Ce qui compte, c’est la capacité qu’aura son équipe à lui offrir des situations où il va pouvoir exploiter la profondeur. À Lens, le jeu était très différent par rapport à Leipzig. Au sein du club artésien, Franck Haise travaillait avec des relances basses. À partir d’un jeu basé sur la possession, le technicien français mettait en place une animation où il parvenait à créer des situations similaires au modèle de la contre-attaque. En attirant l’adversaire, si tu parvenais à étirer le jeu, tu libères énormément d’espace et Openda pouvait aller chercher la profondeur. À Leipzig, Marco Rose propose un football endémique au système prôné par Red Bull où l’espace est créé par les combinaisons, les transitions et les contre-pressings. »
À la différence du RC Lens où c’était grâce à l’idée de Franck Haise — sur cette notion de création d’espace — qu’Openda était épanoui, c’est ici la philosophie générale du jeu embrassée par la structure dirigeante du RB Leipzig qui rend le Belge meilleur. À 24 ans, Loïs Openda a déjà marqué 101 buts depuis ses premiers pas au sein de l’équipe première du Club de Bruges en juillet 2018. Déterminé, le Liégeois retire de son parcours une forme de rage poussant parfois jusqu’à l’irrévérence sur le terrain, avec toujours une obstination innée à aller au bout de ses idées tout en maintenant le fil (rouge… et blanc) de ses désirs, notamment celui de faire mentir ses détracteurs.