Le premier match d'une année capitale
Murat Yakin a quatre matches pour préparer au mieux l'équipe de Suisse avant les périlleuses qualifications pour la Coupe du monde 2026 à l'automne. Tout commence à Belfast.
Irlande du Nord vendredi, Luxembourg mardi, Mexique et Etats-Unis début juin: ces quatre adversaires seront-ils "les" bons sparring-partners pour l'équipe de Suisse ? Certains pointeront sans doute la faiblesse des deux premiers, mais l'ASF n'a pas vraiment eu l'embarras du choix pour cette première fenêtre internationale de l'année.
La plupart des nations européennes sont, en effet, encore engagées en Ligue des nations ou entament déjà les éliminatoires du Mondial 2026. Ce n'est pas le cas de la Suisse, reléguée en Ligue B après son automne calamiteux (quatre défaites, deux matches nuls), et placée dans un groupe réduit de quatre pays en vue des éliminatoires de la Coupe du monde (avec la Suède, la Slovénie et le Kosovo).
Mais peu importe l'adversaire, ce premier rassemblement de 2025 doit surtout permettre à Murat Yakin d'expérimenter. C'est bien pour cette raison qu'il a convoqué quatre néophytes: Alvyn Sanches, Isaac Schmidt, Lucas Blondel et Stefan Gartenmann. Le latéral droit de Boca Juniors et le défenseur central de Ferencvaros, que le sélectionneur est allé voir évoluer à Buenos Aires et à Budapest, devraient sans doute avoir du temps de jeu vendredi au Windsork Park ou mardi à Saint-Gall, face au Luxembourg.
"Nous devons leur offrir des opportunités. Ces quatre matches amicaux sont parfaits pour que nous puissions donner de l'expérience à ceux qui n'ont pas encore joué en équipe de Suisse", a d'ailleurs répété plusieurs fois Murat Yakin jeudi dernier en conférence de presse, peu après avoir révélé sa liste.
L'absence de Manuel Akanji (blessé à une cuisse) et de Granit Xhaka (sa femme vient d'accoucher de leur troisième enfant), deux membres inamovibles du onze helvétique, rebat également certaines cartes. "Cela nous permet aussi de nous préparer au cas où ils ne seraient pas là cet automne, ce que je n'espère pas", a glissé Murat Yakin, qui aurait sans doute aimé voir Ardon Jashari à l'oeuvre. Le milieu de terrain de 22 ans, brillant ces derniers temps avec le FC Bruges, a été ménagé.
Face aux médias à Faro, où la Suisse s'est entraînée cette semaine, le directeur des équipes nationales Pierluigi Tami a martelé qu'il n'y avait pas de malaise avec l'ex-capitaine du FC Lucerne. Ce dernier avait refusé d'honorer une sélection en M21 en novembre 2023, arguant que sa place était avec la première équipe. Sa présence sur le pré dimanche face à Charleroi, quelques jours après que Murat Yakin a accepté de le laisser au repos, interroge tout de même.
Mais l'attaque et l'entrejeu ne sont pas les priorités du sélectionneur pour le moment. Le Bâlois doit d'abord trouver la bonne formule en défense. Les déboires de l'automne (2,6 encaissés par match) ont montré que la solidité affichée à l'Euro (0,8 but encaissé par match) n'avait rien d'immuable.
"Notre situation ressemble à celle d'il y a un an: nous sommes à la recherche de stabilité. Sur le plan offensif et au milieu, j'ai suffisamment de choix, mais il est clair qu'en défense, l'effectif est bien plus inexpérimenté", a-t-il souligné. Parmi les défenseurs sélectionnés, seuls Ricardo Rodriguez (125 sélections) et Eray Cömert (14) comptent, en effet, plus que cinq capes.
Ce premier test à Belfast devrait néanmoins s'avérer plutôt clément pour les quatre (ou trois?) hommes que Murat Yakin décidera d'aligner en défense, dans la mesure où l'Irlande du Nord n'a pas inscrit le moindre but lors de ses cinq derniers duels face à la Suisse.
Le barrage de qualification pour la Coupe du monde 2018 reste dans les mémoires. Les hommes de Vladimir Petkovic avaient obtenu leur billet pour la Russie grâce à un penalty généreux et sans prix transformé par Ricardo Rodriguez à Belfast (1-0 sur les deux matches).
A l'époque, Michael O'Neill était déjà à la barre d'une formation qui avait surpris en se qualifiant pour l'Euro 2016 en France, où son public heureux et bruyant avait marqué les esprits. Il n'avait en revanche pas vécu les deux affrontements des éliminatoires du Mondial 2022. Les deux équipes s'étaient quittées sur un match nul et vierge au Windsor Park et la Suisse s'était imposée 2-0 à Genève grâce à des buts de Steven Zuber et Christian Fassnacht.
S'il espère surtout voir son équipe développer des automatismes en Irlande du Nord, Murat Yakin est bien conscient qu'un bon résultat lancerait idéalement une année charnière pour l'équipe de Suisse. Une année qui pourrait lui coûter cher en cas d'échec à la fin de l'automne.