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Le mirage Dortmund

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Convaincant vainqueur face à Leipzig, 2e du championnat, le 2 novembre (2-1), puis tombeur de Sturm Graz, leader de Bundesliga autrichienne, trois jours plus tard en Ligue des champions (1-0), le Borussia Dortmund pensait avoir lancé sa saison. La déroute à Mayence (1-3) a, une nouvelle fois, éparpillé tous les espoirs. Plus que jamais, le statut autoproclamé de “chasseur du Bayern” dans lequel s'est enfermé le club depuis dix ans apparaît comme une illusion.

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L'expulsion d'Emre Can, le début de la fin pour Dortmund à Mayence (1-3). © IMAGO / Sven Simon

« C'est une énigme. Cela ne m'étonnerait pas que l'on reparle des problèmes du Borussia après son déplacement à Mayence », avait prédit Thomas Wagner, chroniqueur pour Sky Allemagne, dans la foulée du probant succès obtenu dans la Ruhr par les Schwarzgelben, début novembre, devant le RB Leipzig (2-1). Bien vu. La troupe de Nuri Sahin a lourdement rechuté face au FSV (1-3) alors que le contexte, en dépit des nombreux blessés, paraissait favorable : d'une part, Mayence n'avait pas encore gagné chez lui de la saison (deux nuls, trois défaites) ; d'autre part, Dortmund réussissait bien à la MEWA Arena ces derniers temps, avec six victoires sur les sept dernières rencontres. Las : avant même la demi-heure de jeu, avec l'expulsion du capitaine Emre Can, toute velléité d'aller chercher quelque chose s'était évanouie. « Nous voulons à tout prix cette victoire à l'extérieur », avait réclamé Sebastian Kehl avant le match. Mais le BvB, comme d'habitude en déplacement, a perdu et pointe désormais à la 7e place, à dix points du leader.

« Aucun chroniqueur n'est capable d'expliquer ce phénomène et je crois que les dirigeants du BvB non plus », a lâché Frank Buschmann, commentateur pour Sky Allemagne, à l'issue du week-end. « Comment un homme de l'expérience d'Emre Can peut se faire expulser de la sorte ? » L'ancien joueur de la Juventus, à sa décharge, est au cœur d'une de ces tempêtes d'exécration sur les réseaux sociaux propres à ébranler n'importe quel taulier. Baladé sur le terrain – un méchant effet collatéral de sa polyvalence, sans doute –, remis en cause comme titulaire, il semble manquer de repères et de certitudes. Son moral, comme son jeu, est friable. Il avait, pourtant, été exemplaire face à Leipzig, une semaine avant. Comme d'habitude, tout s'est effondré à la journée suivante.

Dix ans que cela dure

« Cette problématique des joueurs qui défaillent, elle est latente depuis dix ans ! », rappelle Frank Buschmann, qui refuse, à juste titre, de faire porter à Emre Can toutes les responsabilités de la déroute. « À un moment donné, on ne peut plus ne pointer que les joueurs ou l'entraîneur. Quelque chose, à Dortmund, doit changer. Tant de questions demeurent sans réponse ! Je ne comprends absolument pas le rôle de Matthias Sammer au Borussia. Hans-Joachim Watzke, Lars Ricken, Sven Mislintat, Sebastian Kehl... Qui fait quoi ? Qui a le dernier mot ? Vis-à-vis de l'équipe, ce devrait être l'entraîneur Nuri Sahin. Comment peut faire le BvB pour se remettre dans le droit chemin ? Aujourd'hui, ce club monumental recule. Ces montagnes russes permanentes, c'est insatisfaisant. Et le club ne trouve ni explication, ni solution ! »

Actuellement, le décalage entre les attentes – Dortmund, challenger éternel du Bayern, Dortmund, candidat systématique au titre – et la réalité est flagrant. « La qualité de l'effectif ne correspond pas à l'exigence affichée de jouer le titre », estime ainsi Wolff Fuss, son confrère de Sky. « Dortmund, de ce fait, se retrouve en permanence à courir après son propre discours. Nuri Sahin connaît ce club de l'époque où il était à son apogée. À son moment-là, le discours était le suivant : ‘nous voulons tirer le meilleur de ce club.’ Et parfois, alors, le BvB est passé devant le Bayern – 2011, 2012. À partir du moment où le club s'est dit ‘nous allons endosser ce rôle de challenger’, les choses se sont gâtées. Cela fait dix ans qu'on en parle, cela fait dix ans que l'on s'étonne. Je pose la question : le rôle que le club se donne n'est-il pas démesuré au regard de la qualité de son effectif ? »

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Ni Julian Brandt (à g.) ni Marcel Sabitzer n'ont jusqu'ici été en mesure d'endosser le costume de patron sur le terrain.

Le paradoxe de l'effectif

Le patron, Hans-Joachim Watzke, répète pourtant régulièrement, en public, un fait têtu et irréfutable : la surface financière de son club (500 millions de francs environ) est la moitié de celle du Bayern. Malgré cela, l'attente en interne, tout comme l'attente des supporters, est supérieure au potentiel réel. Deuxième dans la hiérarchie financière du pays, oui ; rival des Bavarois, non. « Avec le budget dont il dispose, le Borussia ne peut cependant pas ne pas être le challenger n°1 », constate Wolff Fuss. « S'il s'était emparé du titre, il y a un an et demi (le BvB a terminé à égalité de points avec le Bayern), le ressenti aurait été différent, même si, sur le long terme, rivaliser avec le Bayern est illusoire. Mais Dortmund n'a pas compris pourquoi Leverkusen, avec sa saison parfaite, avait pu décrocher le titre tandis que lui n'y parvient pas. »

Les résultats du moment n'incitent pas à un optimisme béat. Il y a même de quoi grincher. Union Berlin (1-2), Werder Brême (0-0), Augsbourg (1-2), Mayence (1-3) furent autant de matches ratés, raturés, loupés, gâchés. L'effectif, pourtant, devrait permettre de gagner de tels matches, puisqu'il rivalise, même diminué, avec Leipzig, solide 2e du classement. « Sur 90 minutes, Dortmund est en mesure de battre n'importe quel club de la planète », rappelle Wolff Fuss en prévision du choc contre le Bayern, le 30 novembre. Serhou Guirassy, Pascal Gross, Waldemar Anton, Maximilian Beier sont de très bonnes recrues. Insuffisantes peut-être pour faire du BvB une équipe de pointe – d'autant que l'effectif n'est pas équilibré, avec six défenseurs seulement, dont trois centraux, pour courir trois lièvres dont la Ligue des champions –, pas pour battre les clubs du ventre mou.

« Le BvB arrive trop tôt pour Nuri Sahin »

Quelle part de responsabilité porte, dès lors, le coach ? « Le BvB arrive trop tôt pour Nuri Sahin », estime notre confrère Tobias Holtkamp. « En dépit de son passage en Turquie, c'est encore un novice et on aurait pu s'en rendre compte avant le début de la saison. Dans le contexte difficile de Dortmund, il lui manque encore beaucoup de choses – l'expérience, l'autorité – pour pouvoir bénéficier du respect qu'il mérite. » Non seulement Sahin n'a pas réussi à installer une hiérarchie claire dans son équipe, mais il doit en outre affronter, en ce moment, une épidémie de blessures (Adeyemi, Anton, Duranville, Kobel, Reyna, Süle), qui le contraignent à aligner une grappe de jeunes joueurs sur le banc. « Mais ce sont des excuses ! », attaque Dietmar Hamann, l'ancien joueur de Liverpool et du Bayern, consultant pour Sky Allemagne. « Et plus vous répétez que vous accumulez les blessés, plus cet alibi entre dans la tête des joueurs, et moins vous avancez. » D'ici le 7 décembre, son prochain déplacement en championnat (à Mönchengladbach), le Borussia jouera deux fois à domicile, là où il est la meilleure équipe du pays. De quoi, avec 80 000 supporters dans le dos, retrouver une dynamique. À condition de maîtriser le pragmatisme fribourgeois puis la fougue bavaroise. Copieux programme.

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