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L'Inter et le légendaire Müller

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L'attaquant bavarois Thomas Müller devra mettre fin comme joueur, l'été prochain, à sa richissime carrière professionnelle munichoise. Drapé de l'aura des plus grands, d'un halo de respect infini et du souvenir d'un joueur unique. Et si l'apogée, c'était maintenant, ce mardi, contre l'Inter ?

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La bonne humeur perpétuelle et communicative de Thomas Müller n'a pas fait défaut, ce lundi 7 avril lors du dernier entraînement du Bayern avant la réception de l'Internazionale, mardi soir en quart de finale aller de Ligue des champions. © IMAGO / Sven Simon

25 ans. Un quart de siècle dans le même club. Lorsque Thomas Müller a pris pied au Bayern, mes étudiants en journalisme n'étaient pas nés. Venu de Haute-Bavière, où bat paisiblement, sur le flanc verdoyant des premiers bourrelets alpins, le cœur de l'Europe, l'adolescent a bénéficié, pour se lancer en pro, du flair de Jürgen Klinsmann, alors entraîneur du club et surtout ancien attaquant de prestige, en 2008, comme remplaçant en cours de match de Miroslav Klose. Huit ans auparavant, il était entré chez les jeunes en provenance du TSV Pähl, quelques kilomètres plus au sud, le club de son enfance. Couvé, bientôt, par un mythe chez les entraîneurs bavarois, Hermann Gerland.

25 ans. Ma vie de journaliste. Chroniquer le Müller de Louis van Gaal, qui « joue toujours », selon l'aphorisme génial de l'ours néerlandais. Celui irrésistible de 2010, meilleur buteur du Mondial – seuls Gerd Müller et Miroslav Klose, chez ses compatriotes, en ont fait autant. Celui de 2014, champion du monde avec ses complices du Bayern Manuel Neuer, Philipp Lahm ou Bastian Schweinsteiger. Celui de Niko Kovac – rudoyé si sévèrement, au détour d'un micro, par son entraîneur de l'époque, que le Croate s'est repenti depuis de ce crime de lèse-majesté. Celui du Tegernsee, antre des stages de pré-saison à la charnière de juillet-août dans la touffeur du sud de Munich, toujours souriant, toujours professionnel, toujours les yeux et les oreilles grand ouverts, dans le respect total des questions des confrères en bermuda, mi-entendu, mi-sincère, toujours original.

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"Radio Müller", un des surnoms du n°25 du Bayern, diffuse toujours les bonnes ondes.

Un “panier Garmisch” de records

Au Bayern, parmi les légendes, il y eut Franz Beckenbauer, Gerd Müller, Lothar Matthäus. Il y aura désormais Thomas Müller. Aucun des éditorialistes de Sky90, l'émission d'analyses du dimanche soir de nos collègues allemands, n'a remis en cause ce week-end ce quartet ultime, lâché comme une évidence dans la commodité de la conversation. C'est que le bonhomme pèse. Très exactement 743 matches en pro avec le Bayern, record de Sepp Maier battu (709). Deux Ligues des champions et deux triplés, en 2013 et 2020. Six Coupes d'Allemagne – une compétition où seul Bastian Schweinsteiger, avec sept trophées, a fait mieux dans l'histoire. Huit Supercoupes en douze participations, record dans les deux cas. Douze titres de champion d'Allemagne, évidemment un record là aussi. 33 titres, au total, avec le Bayern. « Dites 33 ! », aurait intimé, un jour, Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, dans son cabinet munichois, au second Müller le plus célèbre de l'histoire du football.

Müller a essuyé quinze entraîneurs, Josep Guardiola étant celui avec lequel il fut le plus prolifique – 79 buts en 148 matches. Pas illogique au regard du “QI football” des deux hommes. Aligné 17 saisons consécutives en pro, il a marqué au cours des 16 dernières. Son total : 150 buts en Bundesliga, une jauge que seuls Gerd Müller (365), Robert Lewandowski (238) et Karl-Heinz Rummenigge (162) ont dépassée en Bavière. Un score honorable, auquel il faut ajouter 177 passes décisives – record absolu. Car Müller, c'est le football, et le football, c'est collectif. Avec 247 buts marqués pour le Rekordmeister, il apparaît 3e dans la hiérarchie derrière Gerd Müller (570) et Robert Lewandowski (344). Il a ainsi pu amasser 358 victoires en championnat, record absolu là aussi devant Manuel Neuer (354) et Oliver Kahn (310), en 496 matches, un score auquel personne, là non plus, ne peut rêver – Sepp Maier s'est arrêté à 473. Un “panier Garmisch” de records, en somme, même si Müller correspondrait davantage à la partie Partenkirchen – plus traditionnelle et moins bling-bling – de la célébrissime station de sports d'hiver alpine.

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Avec la Ligue des champions 2013 à Wembley, l'un de ses innombrables trophées.

Matthäus : « Capitaine contre l'Inter... et buteur à la 5e minute ! »

Cette saison, Müller s'est accommodé d'un statut de remplaçant – 20 fois, déjà, en Bundesliga, pour 16 entrées en jeu. Jamal Musiala a endossé depuis un moment le costume du successeur, avec un génie tout particulier lui aussi. Mais le n°10 de l'équipe nationale s'est blessé, fin mars, contre Augsbourg, et manquera au moins le match aller des quarts de finale de Ligue des champions, ce mardi, contre l'Inter de Yann Sommer et Benjamin Pavard. Alors l'ancien pourrait – devrait, diront certains – refaire surface. Le symbole serait immense : Müller, invité à se retirer l'été prochain, protagoniste de ce sommet européen comme titulaire... voire comme capitaine ? C'est le souhait, en tout cas, de Lothar Matthäus. Qui voit même en l'attaquant bavarois un buteur décisif contre le club italien ! Évidemment, fidèle à son habitude et aux codes du football professionnel, l'entraîneur Vincent Kompany n'a rien révélé, ce lundi en conférence de presse d'avant-match, de ses intentions quant au onze de départ contre l'Inter. « Il sera important que nous montrions de la personnalité », a tout de même glissé le Belge.

Or Thomas Müller est, justement, une personnalité. Bien plus qu'un joueur de football. C'est un ambassadeur, un speaker, un diplomate, un personnage, une dégaine, un style indescriptible. C'est une institution. L'institution. À laquelle le Bayern est obligé de réserver une sortie chevaleresque. C'est un imitateur de chevaux magistral et hilarant, aussi, au contact desquels il a toujours avoué se ressourcer, loin du stress du football professionnel, grâce à la passion et l'activité de cavalière de haut niveau de sa compagne Lisa. Cet humour, cette décontraction, cette énergie positive qu'il apporte – ce lundi, encore, lors de l'ultime entraînement avant le choc européen – en font le leader d'opinion par excellence, dans le vestiaire, sur le terrain, dans les coursives des stades. En cela, il est indispensable. Sa performance sportive pure l'est sans doute moins, désormais. Mais lorsque le speaker de l'Allianz Arena Stephan Lehmann va tonner son prénom dans les hauts-parleurs du stade, ce mardi soir, le grondement sera monumental.

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