skysport.ch
Sky Sport

Regarder le sport en direct sur

Sky Sport
Analyse Football

L'énigme Palhinha

Lortho

Recrue la plus onéreuse de l'été bavarois, le milieu défensif portugais en provenance de Fulham est jusqu'à présent très peu utilisé par son entraîneur Vincent Kompany. Après une série de trois matches sans victoire et de buts encaissés en contre-attaque, son heure, inexorablement, approche. Sans quoi le malentendu serait total.

imago1051889630
Joao Palhinha, déçu à l'issue du match nul (3-3) concédé contre l'Eintracht, le 6 octobre. © IMAGO / DeFodi

À Munich, où la gestion des finances est généralement rigoureuse et exemplaire en comparaison des cigales espagnoles et britanniques gavées d'une manne improbable, 50 millions de francs sont une somme certaine. C'est ce qu'a coûté, l'été dernier, le recrutement de Joao Palhinha, dans le profil du fameux milieu défensif ostensiblement réclamé dès son arrivée en 2023 par Thomas Tuchel, l'entraîneur précédent. Or, l'international portugais ne joue jamais, ou presque, depuis le début de la saison. Le nouvel entraîneur du Bayern, Vincent Kompany, fidèle à ses principes, a mis en place un style “hurrakiri”, comme on l'appelle à Munich, fait de possession, de domination et outrageusement porté vers l'offensive. Dans cette optique, le Belge aligne, même dans l'axe, des milieux au profil joueur, en particulier Joshua Kimmich et Aleksandar Pavlovic, au détriment des récupérateurs plus besogneux tels Konrad Laimer et Joao Palhinha.

Résultat, une attaque de feu mais aussi des buts encaissés en contre, comme face à Aston Villa (0-1) et Francfort (3-3) récemment. Le public et les dirigeants munichois passent bien volontiers l'éponge sur cette avarie défensive pour deux raisons : ils aiment le spectacle, d'une part, et ils ressentent le besoin de se défouler après les mois de frustration accumulés sous le mandat de Thomas Tuchel. Même les anciens, certes à des degrés divers, sont enthousiastes. Thomas Strunz, champion d'Europe 1996 avec la Mannschaft et qui a joué pour les deux clubs qui s'affrontent ce samedi dans le choc du sud (Bayern et Stuttgart), estime en particulier que Joao Palhinha « n'a pas sa place » dans le système actuel. « Kimmich est installé au milieu et y livre de solides prestations, et Pavlovic est l'un des plus grands talents qui soient, avec une confiance en soi impressionnante », détaille Strunz.

imago1051882514
Le banc bavarois, avec Palhinha (au centre), à l'occasion de la 6e journée de Bundesliga.

« Je sais que mon heure au Bayern va venir »

Qui en rajoute volontiers une bonne couche sur l'onéreuse recrue portugaise. « Dès que l'on aborde le thème de la sécurité sur les contre-attaques adverses, naturellement, le nom de Palhinha ressort », constate-t-il, mais « même à Fulham, peu d'experts avaient son nom à la bouche. En le voyant évoluer sous le maillot portugais à l'Euro, je me suis demandé s'il était justifié de dépenser 50 ou 60 millions pour le faire venir », assène-t-il. Frustré du récent 0-0 de la sélection portugaise contre l'Ecosse, Joao Palhinha a préféré faire profil bas devant les micro. De la même façon qu'il fait preuve d'une patience de bon élève dans son club. « Je sais que mon heure au Bayern va venir », indique-t-il à qui veut l'entendre. « Je travaille dur, chaque jour, pour cela », exposait-il mi-octobre dans les colonnes de l'hebdomadaire Sport Bild. « Je me concentre sur les séances d'entraînement. Je suis prêt. Et pour être honnête, les déclarations et les interprétations étalées à l'extérieur ne m'intéressent pas. Elles ne sont pas importantes. »

À chacune de ses rares apparitions sur le terrain – 4 entrées en jeu en Bundesliga pour un total de 127 minutes, dont un seul match en intégralité, à Kiel –, le grand milieu défensif (1,91 m) a fait son boulot sobrement et avec un calme rassurant qui pourrait s'avérer précieux à tel ou tel moment chaud de la saison. « Je suis venu dans ce grand club parce que je crois en moi », poursuit-il. « Tout au long de ma carrière, j'ai entendu des doutes sur mes capacités et sur mon temps de jeu. On n'est qu'au début de l'histoire. Que ce soit sur 90, 45 ou 5 minutes, je donnerai tout. » À la lumière du passé récent, ce dévouement paraît sincère. Un an avant d'atterrir en Bavière, l'international portugais ne cachait pas son souhait d'appartenir au Bayern. « Le chemin jusqu'ici n'a pas été facile. Alors je profite. Je me sens bien. Et je crois que nous pouvons réussir beaucoup de choses, cette saison. »

imago1051802290
Joao Palhinha (à dr.) l'assure : le courant passe bien avec son entraîneur Vincent Kompany.

« Très heureux de cet entraîneur »

Sans acrimonie vis-à-vis de cet entraîneur qui, jusqu'ici, a privilégié d'autres options, parfois à la limite du bon sens vu la tournure de certains matches ? « Il entretient une bonne relation avec chacun d'entre nous. C'est important pour l'esprit d'équipe car personne ne se sent délaissé. Il nous prête une oreille attentive et cultive la proximité. Sentir cela est important. Je suis très heureux de cet entraîneur. » Avec l'accumulation des matches, et certains organismes éprouvés, cette patience d'ange pourrait être un bon calcul. Les joueurs peu sollicités « vont jouer dans le futur et seront importants », a martelé Vincent Kompany début octobre avant le déplacement à Birmingham... où Palhinha n'a pas été titularisé.

« Nous avons, à l'heure actuelle, un axe Upamecano, Min-Jae Kim, Pavlovic et Kimmich qui fonctionne remarquablement », a justifié de son côté le directeur sportif Max Eberl. « Nous jouons bien, avec succès, et nous ne voulons pas briser cet axe, ni cette dynamique. » Des propos tenus avant la série de trois matches sans victoire sur laquelle reste le Bayern. « Peut-être les prises de risques sont-elles un peu trop grandes », ont convenu à propos des choix de Kompany les éditorialistes sur le plateau de Glanzparade, l'émission de débriefing de Sky en Allemagne. « Il accepte tout », se réjouit Max Eberl à propos de sa recrue. « Il fait preuve d'un grand respect et doit, aussi, s'imprégner de la culture ici. Il va être extrêmement important pour nous. Il y aura des baisses de forme, des suspensions... Nous aurons besoin de Joao. Et c'est aussi un grand professionnel, qui fait concurrence à Aleksandar Pavlovic, ce qui pousse ce dernier à se surpasser. »

Discours de consolation ou réels arguments, le proche avenir le dira. Le Bayern fait face à une série de matches difficiles – le vice-champion d'Allemagne, Stuttgart, puis le FC Barcelone sont au programme – et certains éléments, tel Jamal Musiala, ont commencé à tirer la langue. Steffen Freund, autre champion d'Europe 1996, a quant à lui déjà choisi son camp : « Il n'y a pas à discuter : ce recrutement est l'une des plus grosses erreurs de l'ère Tuchel ! » Qu'en pense Leon Goretzka ?

Notez l'article
11 Notes
Votre vote est compté.

Fil actu

À lire aussi

Afficher plus

Regarder le sport en direct sur

Sky Sport
Copyright Sky Suisse SA © 2001-2024. Créée par ewm EWM.swiss