Jamie Leweling, le trublion de Stuttgart
À la veille de défier le champion d'Allemagne en titre, ce vendredi soir à Leverkusen, son dauphin de la saison dernière, Stuttgart, peut compter sur un électron en pleine ascension. Jamie Leweling, 23 ans, vient de confirmer en sélection que faire la différence sur le terrain est devenu sa spécialité.
Il a fallu un concours de circonstances – en particulier le forfait de Jamal Musiala – pour qu'il déboule en sélection, contre les Pays-Bas le 14 octobre. Mais Jamie Leweling y a mis l'énergie qu'on lui connaît. En moins de deux minutes, le milieu offensif de Stuttgart avait déjà fait la différence. Finalement refusé par l'assistance vidéo, son but n'allait pas être un feu de paille. Une heure plus tard, d'un tir du droit, le novice de 23 ans ouvrait le score, de manière licite cette fois, un but qui offrait la victoire à son pays. On a connu pire comme entrée en scène en équipe nationale...
Cette réussite est à l'image de sa trajectoire au VfB, qui témoigne d'une fulgurante accélération de sa carrière. C'est un peu plus à l'Est, à Greuther Fürth, que Jamie Leweling a éclos et mûri son potentiel pour les sommets de la Bundesliga. Qu'il confirme depuis la saison dernière et le titre de vice-champion d'Allemagne de son club. Dans le nord de la Bavière, le jeune homme a fait ses gammes avec zèle, s'infligeant du rab d'entraînement contre un mur de béton, comme le raconte au bi-hebdomadaire kicker son entraîneur de l'époque, Rachid Azzouzi. « Il s'est vraiment donné les moyens de son développement », juge ce dernier.
Barré à Berlin
Leweling a débarqué à Fürth en 2017, à 16 ans, en provenance du grand voisin Nuremberg, avec un atout caché dans la manche : il ne jouait alors, en U19, que dans le championnat régional... où il engrangeait discrètement une précieuse confiance en soi, ingrédient indispensable pour sortir de sa nature réservée. « Au premier abord, je suis sur la retenue mais, une fois que je me sens à l'aise, je peux faire plus de bruit », a confirmé le bonhomme lors d'une conférence de presse dans le cadre de l'équipe nationale, mi-octobre. « Il est normal, au début, d'avoir besoin d'un temps d'adaptation. »
À l'été 2023, il prend pied à Stuttgart sous forme de prêt d'Union Berlin, où il était cantonné à un rôle de joker, barré d'une part par un Sheraldo Becker doté des mêmes qualités athlétiques que lui et, d'autre part, par un système de jeu favorisant les relayeurs, et non les sprinteurs, derrière l'avant-centre. Peut-être aussi par le profil du vestiaire berlinois, moins jeune, moins décontracté et moins ouvert que celui de Stuttgart. Rapidement, le directeur sportif souabe Fabian Wohlgemuth, bluffé par les progrès de sa recrue, soupèse sa valeur, lève l'option d'achat et lui offre un contrat jusqu'en 2028.
Relève de Silas
Jamie Leweling est précieux dans le harcèlement de l'adversaire. Un constant facteur de stress par la générosité de ses courses, sa puissance corporelle, son engagement au duel, son instinct pour sentir la faille, comme sur le but contre les Pays-Bas. Ces qualités avaient affleuré dès sa première saison en Bundesliga, en 2021-2022, où il avait inscrit 5 buts dans une équipe promise à la descente. L'expérience du banc berlinois une fois digérée, il s'installe à Stuttgart avec la bienveillance de Sebastian Hoeness, qui fait de moins en moins confiance au Congolais Silas Wamangituka, devenu Silas Mvumpa Katompa, peu enclin à défendre. Et qui le fait progresser dans le petit jeu, abondamment sollicité à l'entraînement.
Armé d'une précision en hausse, il s'installe comme élément incontournable de la rotation souabe en 2024. Davantage de tirs cadrés, davantage de dribbles réussis, un statut de leader par la performance. « J'ai rarement vu un joueur qui, en un si court laps de temps, arrive non seulement à améliorer son jeu mais aussi à élargir ses compétences », loue Fabian Wohlgemuth. « Les raisons ? Une volonté hors norme et une énorme capacité de travail. Tout entraîneur apprécie cela. Les supporters aussi. » Le Real, sacrément bousculé à l'occasion de la première journée de Ligue des champions, en a fait l'expérience. La Juve, battue à Turin le 22 octobre, plus encore. Et qu'en pense le champion d'Allemagne, qui attend Stuttgart ce vendredi soir pour l'un des chocs de la 9e journée ?