Débat: Le championnat est-il déjà décidé ?

Andy Maschek dit : Oui

C'était un format qui devait permettre de faire durer le suspense plus longtemps dans la lutte pour le titre de champion. Et c'est effectivement le cas aujourd'hui. A cinq journées de la fin, les Young Boys n'ont "que" six points d'avance sur le FC Lugano. En théorie, malgré la meilleure différence de buts des Bernois, cela ouvre la voie à de nombreuses spéculations et à des réflexions du type "et si". Mais la vérité se trouve sur la pelouse, où le subjonctif n'est même pas sur le banc de touche.

Bien entendu, nous ne sommes pas devant les Young Boys des années précédentes. La domination et l'assurance nécessaires pour aller de victoire en victoire se sont envolées. Bien sûr le fait que les cinq prochains adversaires fassent tous partie des meilleures équipes de la saison rend la tâche un peu plus difficile, mais les Bernois disposent de suffisamment de qualité pour gagner les points nécessaires lors des cinq derniers matches. Ils ont des joueurs qui peuvent gérer cette situation et l'entraîneur intérimaire Joël Magnin gardera lui aussi la tête froide. Car lui aussi sait ce qu'il faut pour devenir champion. Certes, pas en tant qu'entraîneur principal, mais en tant que joueur ; dans les années 1990, il a fêté trois titres de champion et une victoire en Coupe avec les Grasshoppers.

Cette saison, YB a en fait laissé la porte entrouverte à ses adversaires. Ils ont été invités à profiter des faiblesses et à écrire une histoire magistrale mais ces occasions ont été manquées.

Certes, le FC Lugano est actuellement au sommet et rêve d'un grand coup sous la houlette de son entraîneur Mattia Croci-Torti. Mais trop de points ont été perdus lors de la phase précédente du championnat et ils manqueront dans la dernière ligne droite de la saison. Servette avait également la possibilité de profiter de l'affaiblissement des Young Boys mais cette chance de remporter le 18e titre de champion de l'histoire du club et le premier depuis 1999, l'équipe de René Weiler l'a gâchée presque par négligence ces dernières semaines. Quatre points pris lors des six derniers matches de Super League, c'est bien trop peu pour mériter un titre.

Les choses restent donc telles qu'elles sont. Le conditionnel est de trop, YB sera champion dans la dernière ligne droite malgré le nouveau mode et la chicane artificiellement introduite avec plus de matches et une concurrence plus forte - et le FC Lugano et le Servette FC auront l'occasion de soulever un trophée le 2 juin lors d'un duel direct en finale de la Coupe. Cette épreuve de force aura lieu au Wankdorf de Berne, dans le stade de l'ancien et du nouveau champion...

Patrick Y. Fischer dit : non

Le FC Lugano compte six points et 18 buts de retard sur le leader et tenant du titre YB avant le début du "Championship Group" samedi. Malgré cela, je ne pense pas que la messe soit déjà dite en Super League. À mon avis, il peut encore se passer beaucoup de choses dans les cinq matches qui restent à jouer.

D'une part, je crois les Bianconeri capables de poursuivre leur parcours actuel dans les dernières semaines de ce championnat. Aucune autre équipe n'a récolté autant de points en 2024 que les Tessinois, qui ont entre-temps atteint un bilan de 33 points en 15 matches. Dernièrement, Lugano a obtenu 25 points en neuf matches et est passé de la 6e à la 2e place du classement pendant cette phase, tout en se qualifiant pour la finale de la Coupe grâce à des victoires à Bâle et à Sion. Il n'est donc pas surprenant que le club de Super League le plus méridional parle désormais sans détour du titre de champion. La confiance est grande, il n'y a pas grand-chose à perdre et avec Renato Steffen et le meilleur buteur Zan Celar (13 buts), l'entraîneur Mattia Croci-Torti dispose de deux des meilleures forces offensives de la ligue. Alors pourquoi le FC Lugano ne poursuivrait-il pas son parcours dans le "Championship Group" ? Pour l'instant, il n'y a pas d'adversaire que les Ticinesi ne puissent pas vaincre.

D'un autre côté, nous avons un YB qui s'est un peu ressaisi ces derniers temps, mais qui n'est que rarement convaincant. Depuis la pause hivernale, les Bernois sont un peu plus chancelants que lors du premier tour et ont souvent eu du mal à dominer leurs adversaires, à l'exception des matches à domicile contre Bâle et GC. Les cinq matchs contre les concurrents directs du groupe de championnat n'ont donné que cinq points (seule une victoire contre Winti), ce qui ouvrirait toutes les possibilités à Lugano en cas de bis repetita. Le champion en titre a l'avantage de jouer à domicile, lors des 35e et 36e tours, face à Lugano et St-Gall. Mais s'ils ne font pas carton plein, les deux dernières journées promettent d'être sous une pression insoutenable. Je crois que le FC Lugano, en cas de résultat positif à Berne, va assurer une fin de saison captivante.