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Hoffenheim a tout faux, Bochum a tout juste

Lortho

Sur le thème de la valse des entraîneurs, un grand classique du football allemand, deux actualités se sont entrechoquées début novembre au sous-sol de la Bundesliga : l'arrivée à Bochum de Dieter Hecking, un choix qui semble optimal, et le départ d'Hoffenheim de Pellegrino Matarazzo, qui ressemble à l'inverse à un dangereux gâchis.

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Dieter Hecking, premier match, premier point avec Bochum. © IMAGO / Werner Otto

Cela ressemble à une scène de thriller. Deux personnages se croisent, chacun dans une cage d'ascenseur. L'un descend les étages vers la cave, Pellegrino Matarazzo, l'autre monte vers d'hypothétiques sommets, Dieter Hecking. Deux entraîneurs qui, tous deux, disposent de qualités humaines et managériales reconnues mais que le contexte du moment expédie, avec ce qu'il faut de mauvaise foi et de business as usual, dans deux directions opposées.

À Hoffenheim, le club du TSG est en pleine crise d'identité. Semble, même, ne plus savoir ce qu'il fait là, ni pourquoi il est là. L'entraîneur, un grand classique, a servi de fusible aux dirigeants à qui la 15e place au classement n'a pas l'heur de plaire. « Cela me fait énormément de peine pour Rino Matarazzo, un homme extrêmement sympathique », a lâché Wolf Fuss, commentateur vedette de Sky Sport Allemagne, le jour du limogeage. « Et surtout le traitement qu'il a subi ces dernières semaines et ces derniers mois. »

Hoffenheim, pas de culture de la critique

Son compère de l'émission de débriefing du lundi Glanzparade, Frank Buschmann, a renchéri. « On peut évidemment déballer le discours du manque de points, de performance, et de l'écart entre le potentiel de l'équipe et les résultats actuels. Rien que d'en parler, je sens ma tension qui remonte. Je me souviens des propos du nouveau directeur sportif, Andreas Schicker, arrivé de Sturm Graz en octobre, prenant assez vite position : ‘Nous faisons confiance à Pellegrino Matarazzo. Il fait du bon travail. C'est important pour moi de le rappeler’. S'il avait dit cela il y a trois mois, d'accord. Mais là, le timing est trop court entre cette déclaration et la décision de se séparer de l'entraîneur ! Tresser des louanges et faire le contraire trois semaines plus tard, je trouve ça tellement sot ! Très honnêtement, ça m'énerve. Que Matarazzo soit sympathique ou non ne change rien : ça m'énerve. »

Le gâchis est manifeste. « À Hoffenheim, c'est un biotope bien particulier. Il n'y a pas de pression de la part des supporters », rappelle Wolf Fuss, illustrant le fait que dans la campagne du Kraichgau, on pouvait travailler en paix, contrairement par exemple à la pression démoniaque de Schalke ou de Hambourg. « Ce qui peut constituer un désavantage », ajoute-t-il dans la foulée. « Tu te donnes les moyens de développer une équipe de Bundesliga au jeu attractif – la présence de Ralf Rangnick était évidemment la clef de voûte –, tu investis avec la plus grande pertinence, mais ce qui devrait aller avec, c'est-à-dire une pression médiatique et populaire, une culture de la critique, est complètement absent. Aujourd'hui, on ne sent aucune politique d'investissement structurée. Tu recrutes des joueurs en ordre dispersé et tu demandes à ton entraîneur de mener la troupe. Pas facile, pour le coach, d'entretenir une dynamique de groupe. Et le successeur de Matarazzo va vite s'en rendre compte. »

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Pellegrino Matarazzo, victime des médiocres résultats du TSG en championnat, a été limogé lundi 11 novembre.

Le calme d'un jeune sexagénaire

Et pourtant, l'effectif est de qualité. « Une équipe qui possède Andrej Kramaric dans ses rangs ne peut pas descendre ! », s'exclame Frank Buschmann. Mais le football champagne des premières années s'est estompé. Ralf Rangnick et Julian Nagelsmann sont partis. « Hoffenheim n'a pas de véritable identité », pointe notre confrère Timo Schmidtchen. Tout le contraire d'Heidenheim, la sensation du moment comme Hoffenheim en son temps, qui dispute lui aussi la Coupe d'Europe cette saison mais cultive, un peu plus au sud, une identité bien affirmée. « Hoffenheim, alors qu'il était encore en championnat départemental, est parti du principe qu'il allait disputer la Ligue des champions à l'horizon de dix ans », rappelle Wolf Fuss. Une croissance artificielle. « Heidenheim, lui, incarne à la perfection le concept d'une croissance organique, pas à pas. Le FCH continuera son chemin. Ne se perdra pas en route. »

Bochum, non loin de là, a retrouvé quant à lui sa boussole. Où le bilan de Peter Zeidler, un point sur 24 possibles, le condamnait inexorablement au limogeage, le choix de Dieter Hecking est le meilleur qui soit. Le jeune sexagénaire apporte au VfL un calme salvateur, armé d'une expérience majuscule, et a diffusé à ses troupes, dès les premières heures qui ont suivi sa prise de fonctions, un fluide guérisseur du meilleur effet. Contre le Bayer Leverkusen, première échéance du nouvel entraîneur – sacré défi que de se mesurer d'entrée au champion en titre ! –, Bochum a fait exactement ce qu'il fallait. Le groupe ne s'est pas désuni. Chacun est resté solidaire et a gaiement produit les efforts pour ses coéquipiers. Le point pris par les joueurs de la Ruhr (1-1) dépasse largement le maigre bilan comptable qu'il représente. C'est l'immense témoignage que Bochum n'est pas condamné, qu'il est bien vivant, qu'il peut rivaliser, qu'il est capable de retrouver la foi. Avec, autant qu'il le faut, 30 000 supporters derrière lui – un atout dont le TSG ne peut pas se prévaloir.

Pas un simple pompier

« Le choix de Dieter Hecking n'a que des avantages », avance Wolf Fuss. « Avec son expérience, il apporte du relâchement. Il dégage de la sérénité. Du charisme. Il connaît la situation. Ça peut être facteur de performance. On parle beaucoup de technologie, d'innovation mais ce qui est important, in fine, c'est que ton entraîneur maîtrise son boulot. Ce qui, vu son parcours, est évident. Dans la situation actuelle, c'est l'homme idéal. » Et son âge – Jupp Heynckes l'a démontré de manière éclatante lors de son dernier passage au Bayern – n'a aucune importance. Ici, Dieter Hecking n'est pas un simple pompier, il débarque avec un plan et avec une idée précise de la façon dont il entend faire jouer sa troupe. Y compris contre le grand Bayer. « Quelqu'un avec une telle expérience, on peut l'écouter », juge Frank Buschmann. « C'est ce que les joueurs de Bochum, visiblement, ont fait. Ça s'est senti dans toutes les phases du match. Ils ont cru en eux. » Le chemin est encore long mais, contrairement à Hoffenheim, Bochum a bien retrouvé sa boussole.

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