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EXCLUSIF - Dan Ndoye : « En un contre un, je suis inarrêtable ! »

Sacha

Un entretien en toute simplicité centré sur la personnalité et l’histoire de la nouvelle star du football suisse.

CelebrationNdoye
Dan Ndoye tout sourire sous le maillot de la Nati - IMAGO / Beautiful Sports

On connaît Ndoye mais on s’intéresse peu à Dan. Qui es-tu ?

Dan Ndoye : Je me relie tout de suite au ballon rond. Je suis un passionné qui a rêvé toute sa vie de transformer sa passion en métier et qui, avec implication, a réussi. Je suis un mec drôle proche de sa famille, entier et sincère. Par ailleurs je me considère comme simple. Je ne tourne jamais autour du pot. Comme dans mon foot, je me donne tout le temps à fond et je ne fais pas semblant. J’aime beaucoup rigoler, j’ai une joie de vivre naturelle et j’apprécie les choses… Je vis au jour le jour.

Est-ce que tu aimes être au centre de l’attention ?

Depuis petit, je sais que ce que je veux : Devenir footballeur. Être le meilleur,  c’est vouloir l’attention de toute façon… donc oui, j’aime être au centre de l’attention car je veux être le meilleur et tu ne peux pas être le meilleur en étant discret. Enfant, ma mère me disait ‘Être footballeur, c’est bien mais il faut quand même avoir un plan B…’ et je lui répondais tout le temps que quelqu’un qui pense à un plan B, c’est quelqu’un qui n’est pas sûr de lui, de ce qu’il veut et de ce dont il était capable. J’ai toujours eu ce plan A à l’esprit.

Forme à Lausanne-Sport, tu es passé par l’OGC Nice avant de te révéler au FC Bâle. Aujourd’hui tu es à Bologne. Comment vois-tu ta propre évolution ?

Quand je vois le parcours, cela me rend fier. Lorsqu’on connait les hauts et les bas que j’ai dû affronter, les nouveaux défis auxquels j’ai dû faire face chaque année… Y a eu des moments où c’était vraiment compliqué. Tout cela m’a permis de me renforcer. Je suis ressorti plus fort de certaines situations et aujourd’hui, je suis titulaire dans un club qui joue la Ligue des Champions. Le chemin tracé est déjà beau mais il en reste encore un long à parcourir…

À quel moment retrouves-t-on ton tempérament sénégalais ?

Ndoye, ça vient de mon Papa. Mon côté guerrier, la niaque, ne rien lâcher… C’est mon côté Sénégalais. Au pays, on les appelle les ‘Diambars’ ! J’essaie de passer le plus de temps possible au Sénégal. Je m’y ressource… C’est la culture de mon père et j’en suis fier. Ma mère est une femme discrète qui déteste le feu des projecteurs. C’est mon père qui m’a inculqué l’amour du football. Quand j’étais enfant, il avait créé un club de Beach Soccer, ‘Les Diambars’ justement! Cette équipe sénégalaise était comme une famille. On a joué partout, à Interlaken, Winterthour, Bâle… Je vivais une ambiance à base de djembés, on allumait le barbecue pendant les matches…  Sans vraiment vouloir me forcer, mon père voulait me donner à voir les aspects les plus beaux du football et il a renforcé mon amour pour ce sport. Je veux montrer fièrement mes origines sénégalaises! Dan, c’est un suisso-sénégalais. Pas qu’un Suisse. Pas qu’un Sénégalais. J’essaie d’incorporer naturellement cet état d’esprit quand je joue pour la Nati.
 

Hymne
L'attaquant du FC Bologna est fier de porter le maillot de la Nati - IMAGO / justpictures.ch

Le 24 septembre 2022, tu signais ta première sélection…

Quelle fierté immense! Cela faisait plus d’un an que je m’entrainais avec la Nati sans jamais jouer une minute. Après un an de travail acharné, alors que pensais déjà avoir le niveau… Au final, ma première sélection a eu lieu contre l’Espagne. Une magnifique victoire à l’extérieur alors qu’il n’y a pas si longtemps, je regardais les matches à la télévision… Ma maman était très émue.

On peut aussi parler de ton premier but. À l’Euro, face à la Mannschaft… Qu’est-ce que cela a provoqué en toi ?

Ce fameux troisième match de groupe… J’avais fais de bonnes prestations lors des deux premières rencontres mais il me manquait ce dernier geste. Ce but, c’était une libération. Je suis l’action, je me focalise sur la balle, je ne réfléchis même pas. Tout me semble si fluide et non-réfléchi que j’ai vécu ce moment comme quelque chose d’incroyable. Dans une compétition comme l’Euro contre l’Allemagne dans un match capital pour savoir qui allait finir leader du groupe… Sur le moment, je n’ai pas réalisé complètement. Je n’ai compris que plus tard ce qui m’était arrivé.

À 23 ans et après le départ à la retraite de Xherdan Shaqiri… Es-tu conscient de ton nouveau rôle de leader avec la Suisse ?

Je ne veux pas commencer à me faire des films. Forcément, je me rends compte que mon statut a changé après l’Euro 2024 mais cela ne me trotte pas dans la tête. Je veux continuer à prendre du plaisir en jouant avec mes qualités, donner le maximum pour l’équipe et essayer d’être le plus décisif possible. Le reste viendra tout seul… Je sais que je progresse chaque année et là, cette saison, je me suis rendu compte que je devais prendre ce rôle de leader d’attaque. J’ai l’impression que tout s’est fait naturellement. Après le championnat d’Europe, on a parlé de mon départ de Bologne… mais j’ai décidé de rester parce que je devais encore passer un palier avec les Rossoblù. Je me rends compte que mon statut et mon jeu ont changé et que l’équipe se repose davantage sur moi. C’est un rôle qui me correspond. Je sais que je dois faire la différence et je vais essayer de la faire tout au long de la saison.

Qu’est-ce que Murat Yakin t’as apporté avec la Nati?

Jusqu’à novembre de l’année dernière, j’ai toujours été un peu le ‘Joker’ en sélection. Après le dernier match de qualification pour l’Euro contre la Roumanie l’année dernière où j’ai joué piston, on perd mais j’ai l’impression que j’ai apporté quelque chose à l’équipe et que le coach l’a remarqué… quelque chose qu’il n’y avait pas avant. En mars 2024, Giorgio Contini - mon ancien coach à Lausanne Sport - arrive comme assistant. Les planètes se sont alignés et le coach m’a fait confiance à ce poste. Avant l’Euro, on dispute deux matches internationaux. Dans l’un, je performe comme piston et juste avant de débuter le tournoi, je fais un match vraiment dégueulasse contre l’Autriche. Parfois quand tu joues ailier, tes dribbles ne passent pas, tu n’es pas juste techniquement…  J’y arrivais pas. Je loupe des passes, on prend un but en contre-attaque et je me dis ‘merde, c’est vraiment pas le match à faire avant l’Euro pour mettre un doute au coach…’  Lors de la semaine de préparation avant le 1er match de l’Euro, le coach Yakin vient me voir et me parle des défenses adverses… Contre l’Autriche, je dédoublais à chaque fois que j’avais le ballon, et il me dit que toutes les équipes vont s’attendre à ce qu’on dédouble car elles veulent éviter le duel et elles savent qu’en un contre un, je me considère inarrêtable. La plupart des équipes défendent à deux contre moi et c’est pour cela que le coach Yakin m’a dit qu’il allait m’essayer en N°10. J’ai démarré la compétition à ce poste et j’ai convaincu. Au final, le poste d’ailier droit offensif était celui qui me correspondait le mieux parce que je me sentais comme un électron libre et je pouvais me déplacer à l’intérieur du jeu. C’est grâce au coach et à son staff.  Je ne m’attendais pas du tout à m’épanouir à cette position. Ils ont réussi à annuler mes doutes.
 

LDC
Liverpool a mis Ndoye dans sa short-list, Dan Ndoye les a affronté cette saison en Ligue des Champions - IMAGO / News Images

Comment la Serie A a bonifié ton jeu ?

Jouer contre des équipes de classe mondiale, c’est comme ça que tu apprends, Aucun match n’est facile. Tu te retrouves face à un bloc bas, contre 5 défenseurs qui sont habitués à affronter des Leao, des Osimhen chaque week-end… C’est comme ça que tu apprends. J’ai dû m’adapter, changer mes dribbles, essayer de penser à ‘comment passer cet adversaire’ pour devenir meilleur. 

Quelle est le plus important sacrifice que tu as dû faire pour progresser dans ta carrière ?

Je n’ai pas vraiment eu d’adolescence et je n’ai pas vraiment pu vivre ce que font les jeunes au début de leur adolescence. Les premières soirées entre copains, la vie scolaire, les amourettes… À partir de mes 13 ans, une école mêlant sport et études a ouvert près de chez moi, à Nyon. J’ai été l’un des premiers à y être. J’ai donc quitté l’école obligatoire où se trouvait tous les élèves pour un enseignement spécifique où je n’étais qu’avec des footballeurs. Je n’avais cours qu’en matinée et l’après-midi, c’était football en plus de mon entraînement habituel. J’ai quitté ce monde où j’étais avec mes copains et les gens que je connaissais. Du coup, je n’ai pas vraiment eu d’amis. Aujourd’hui, les seuls amis qui me reste sont rares. Le reste, ce ne sont que des footballeurs que j’ai fréquenté étant jeune. Je me suis focalisé sur mes objectifs… Cela fait partie des choses auxquels il faut renoncer pour réussir. C’est un choix que je referais tous les jours.

Peut-on garder ses amis quand on devient footballeur professionnel ?

Malheureusement, quand tu es jeune et que tu ne vois plus tes amis -  parce que je partais à 7:00 du matin pour Nyon et je rentrais à la maison pour 20:30 - je n’avais même pas le temps! Petit à petit, inconsciemment, vous vous éloignez… Au final, je n’ai pu garder que un ou deux ‘vrais’… aujourd’hui, je fais rentrer très peu de nouvelles personnes dans mon quotidien. 

Liverpool adore ton profil. Ils ont mis ton nom dans leur short-list pour l’après-Salah. Tu te sentirais prêt à relever ce défi ?

Je ne me mets aucune barrière! À l’école, quand on me disait que c’était impossible de devenir footballeur professionnel, je n’écoutais personne. Au final, j’en suis là aujourd’hui. Vraiment… je ne me mettrai jamais de barrières. Je bosse pour jouer à mon poste dans un club de classe mondiale parce que je sais que j’en ai les capacités.

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