EXCLUSIF - Alvyn Sanches : « Je veux marquer les esprits quand je rentre sur le terrain ! »
À travers une interview exclusive, Sky Sport vous propose d’entrer dans la tête de l’une des attractions de la Swiss Super League. Entretien découverte.
Alvyn Sanches est le meilleur joueur de l’équipe la plus performante de Suisse romande. Son énergie, son dynamisme et sa fraîcheur éveillent la curiosité des observateurs locaux mais aussi de nombreux clubs étrangers. Sous contrat jusqu’en juin 2026, le milieu de terrain suisse devrait rester jusqu’à la fin de saison avec le Lausanne Sport avant de saisir l’opportunité d’un challenge supérieur…
Alvyn, as-tu le sentiment d’être au-dessus du lot ?
AS : « Honnêtement, je pense surtout être au niveau de l’énergie de mon équipe. Même si mes performances m’ont permis de me démarquer, je suis partie intégrante du collectif. On vient de sortir un premier tour de grande qualité et je suis totalement dans le même mood que mes coéquipiers. »
Sur le terrain, on remarque quand même que tu aimes installer ta personnalité ?
AS : « Je veux marquer les esprits quand je rentre sur le terrain ! Je trouve que c’est important que l’on voie ma personnalité. J’essaie de créer quelque chose de nouveau dans le jeu afin qu’on puisse me remarquer… Je veux avant tout prendre du plaisir. Je sais que j’ai un football qui plaît et, en retour, le fait d’en donner me procure du plaisir. »
À 21 ans, tu es le leader technique de ton équipe depuis le début de saison. Pourtant, tu avais déjà intégré le groupe des pros dès novembre 2020… Que s’est-il passé ?
AS : « J’ai énormément travaillé. Le staff m’a également été d’une grande aide. Souvent, ils m’ont aiguillé, me conseillant notamment de plus tenter ma chance aux buts, de ne pas avoir peur d’utiliser cette qualité dans mon jeu car ils savaient que j’avais une bonne frappe. Je ne tirais pas assez aux buts avant… Depuis que j’ai intégré l’équipe première de Lausanne, j’ai surtout énormément progressé en termes de maturité. Le fait d’avoir su élever mon niveau petit à petit, année après année dans le groupe, c’est grâce à cela que j’ai pu montrer ce que l’on voit de moi aujourd’hui. »
Comment tu gères la pression sur tes épaules ?
AS : « Depuis le début de saison, j’ai senti qu’il y avait de l’attente autour de moi. Je dois l’avouer, je n’ai pas vécu un moment facile cet été avant de finalement décider de rester au club. Du coup, mon début de saison n’a pas répondu aux attentes. C’est vraiment lorsque j’ai inscrit ce doublé contre Yverdon Sport (le 22 septembre dernier) que quelque chose s’est vraiment débloqué dans mon esprit… Après, bien sûr que je ressens la pression des gens mais en ce qui me concerne, cela n’a aucune incidence sur mon football. Je suis détendu et surtout conscient des attentes que certains observateurs peuvent projeter sur moi… »
Quel footballeur ériges-tu en modèle ?
AS : « Je suis de l’époque Messi/Ronaldo… mais j’ai une préférence pour Lionel Messi. À l’époque, la guerre qu’ils s’étaient livrée sur le terrain m’a montré que le talent ne suffisait pas et que, malgré leurs exploits années après années, ils en voulaient toujours plus. Au milieu de terrain, j’adore Renato Sanches. D’abord, parce qu’on peut clairement faire la filiation avec notre nom commun (ils n’ont aucun lien de parenté), mais aussi de par son style de jeu. Plus globalement, j’ai toujours adoré le FC Barcelone. C’est mon club de rêve. Iniesta, Xavi, Busquets… Je suis vraiment très attaché à ce style de jeu. J’ai adoré les voir jouer car ils savaient manier à la perfection le tiki-taka. Mon époque préférée, c’est Guardiola 2012. J’ai vraiment commencé à m’attacher à ce club depuis ce moment-là avec le trio Neymar, Suarez, Messi… C’est facile d’être un milieu de terrain quand tu joues derrière la MSN, juste tu contrôles, tu passes le ballon et après, eux, ils se chargent de faire la magie (rires). »
Avec six buts et trois passes décisives, tu participes à 29% des buts de ton équipe. En deviens-tu obnubilé par les statistiques ?
AS : « Dans le football d’aujourd’hui, c’est vraiment devenu quelque chose d’important. À chaque action, j’essaie toujours d’entrer sur le terrain avec l’envie de créer quelque chose. J’ai de clairs objectifs chiffrés en tête et j’essaie de les atteindre. Attention, je suis toujours heureux d’augmenter mes statistiques mais cela ne m’empêche pas de dormir la nuit. Tant que j’aide l’équipe d’une autre manière à gagner… cela suffit à mon bonheur. »
As-tu déjà construit un plan de carrière ?
AS : « Mon plan de carrière est assez simple… En tant que jeune joueur, je me dois d’en avoir un : je veux terminer la saison avec mon club formateur avant de pouvoir réaliser un transfert dans un club intermédiaire qui me permettra d’atteindre le plus haut niveau. »
Parlons de la Nati. Penses-tu pouvoir bousculer la grande concurrence qui règne au milieu de terrain en équipe de Suisse ?
AS : « Si je continue à performer, j’aurai mes chances. J’étais déjà réserviste lors du dernier rassemblement. Je dois continuer de la sorte… J’ai été en M18, M20 et en espoir donc c’est sûr que j’espère être bientôt appelé avec les A. »
Tu es aussi d’origine portugaise… Rejoindre le groupe mené par Roberto Martinez n’a jamais été une option dans ton esprit ?
AS : « C’est vrai que j’ai le passeport portugais… De base, je n’avais pas la nationalité suisse. Lorsque j’évoluais dans les équipes de jeunes, j’ai eu plusieurs discussions avec la Fédération et on m’a demandé si je voulais jouer pour le Portugal, mais j’ai moi-même laissé cette histoire entre parenthèses après avoir obtenu mon passeport et été convoqué avec l’équipe nationale de Suisse M18, M20 puis les espoirs. Du coup, j’ai laissé le Portugal de côté. Je voulais rester en Suisse parce qu’on était encore en sélection de jeunes et je ne voyais pas l’intérêt d’y aller… La Suisse a pris une longueur d’avance sur mon dossier, mais la Seleçao reste une grande nation et j’y réfléchis parfois un peu… on verra. »
Il n’y a qu’un point de différence entre Lugano et le Lausanne Sport. Est-ce qu’on peut dire que vous jouez le titre ?
« En début de saison, ce n’était pas dans les objectifs du club. On voulait terminer parmi les six premiers du classement… et maintenant, on est deuxième. Chez nous, personne ne s’enflamme. On ne se prend pas la tête en attendant de voir où cette dynamique va nous mener… Lausanne, c’est ma ville, mon club de cœur. Je rêve d’y gagner un titre, surtout que le club n’a plus été champion depuis 1965. On a le potentiel pour le faire ! Gardons cette régularité pour tenter de le faire puis, au niveau des qualités individuelles, je n’ai aucun doute sur mon équipe. »