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Analyse Football

Comment Kimmich est (re)devenu le boss

Lortho

Discuté et critiqué ces derniers mois pour être moins performant, moins décisif ou moins influent, Joshua Kimmich semblait devoir écrire son avenir loin de Bavière et se cantonner à un rôle subalterne en sélection. Mais l'ancien joueur du RB Leipzig, 29 ans désormais, a opéré cet été un spectaculaire retour en grâce, tant en club qu'en équipe nationale. Décryptage.

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Joshua Kimmich à l'occasion de la victoire du Bayern en Ligue des champions contre Zagreb (9-2), le 17 septembre 2024. © IMAGO / Sven Simon

« Joshua Kimmich est un personnage extraordinaire, qui donne toujours tout à chaque match – parfois même peut-être avec un trop-plein d'ambition. Vincent Kompany a rapidement mis les choses au clair à son sujet : il compte sur lui. Joshua se sent bien à Munich. Quant à la suite, ça relève de prochaines discussions avec Max Eberl (directeur sportif) et Christoph Freund (son second). » C'est en termes diplomatiques que Jan-Christian Dreesen, président du directoire du Bayern depuis mai 2023, a récemment évoqué le “cas Kimmich” dans les colonnes de l'hebdomadaire Sport Bild. Un discours mesuré qui ne reflète que timidement la réalité du moment : en l'espace d'un été, “Jo” est redevenu une figure centrale tant au Bayern qu'en équipe nationale. Un revirement spectaculaire au regard de sa situation du printemps, qui paraissait singulièrement ensablée. L'horizon, alors, était obscur. Kimmich perdait inexorablement de l'influence sur le terrain, à tel point qu'on voyait son retour au poste d'arrière droit comme un déclassement, un pis-aller tant il ne donnait pas satisfaction comme milieu axial.

“Cornerisé” sous le mandat de Thomas Tuchel, qui avait affaibli son joueur en déclarant qu'il y avait besoin d'un pur milieu défensif à ses côtés sous peine de voies d'eau rédhibitoires dans le secteur défensif, Kimmich est redevenu, depuis l'arrivée du nouvel entraîneur Vincent Kompany, le chef au centre du terrain. Plutôt que de laisser partir ce joueur de tout premier plan, le directeur sportif Max Eberl a joué la carte du rebond. Une équation compliquée dans le contexte bavarois où les gros salaires se sont accumulés – Davies, Goretzka, Sané, Gnabry, entre autres – mais un choix qui pourrait être doublement payant : d'une part, Kimmich a singulièrement retrouvé des couleurs avec son club et, d'autre part, l'équipe nationale, où il a été promu capitaine après le retrait de Manuel Neuer, semble profiter elle aussi de ce regain de forme.

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Défendre et attaquer : la responsabilité de l'ancien joueur de Stuttgart est plus large que jamais.

Première recrue de l'été

Max Eberl a fait le choix d'une prolongation – qui reste à finaliser – plutôt que d'une séparation. De renforcer son joueur plutôt que de l'ignorer. Financièrement, le club n'y gagne rien dans l'immédiat. Sportivement, en revanche, c'est pertinent pour une raison assez limpide : avec la Mannschaft comme avec le Bayern, Kimmich est désormais flanqué d'un milieu défensif récupérateur de métier, qui lui offre la liberté d'action à laquelle il a toujours aspiré. À ce titre, le recrutement de Joao Palhinha, en provenance de Fulham, est un coup de maître. Mais même en l'absence du Portugais, peu titularisé jusqu'ici, le jeune Aleksandar Pavlovic fait merveilleusement le job. En sélection, même mayonnaise : Pascal Gross, recruté par le Borussia Dortmund, ou Robert Andrich, le “méchant” du Bayer Leverkusen, offrent les mêmes garanties défensives.

Le Kimmich nouveau, ainsi, est considéré par Max Eberl comme la première recrue de l'été. Selon la problématique suivante : après Manuel Neuer (38 ans) et Thomas Müller (35 ans), dans un avenir proche, qui va diriger le Bayern sur le terrain ? Cette question, toute la direction du club se l'est posée. Avant même que le nouvel entraîneur n'arrive, Eberl avait sa petite idée. Il s'en est entretenu avec l'intéressé, lui traçant la perspective d'être celui qui incarnerait le club à l'avenir. La stratégie de l'ancien directeur sportif de Mönchengladbach : retourner à son avantage une situation défavorable – à savoir la fin du contrat de Kimmich dans un an, qui signifierait un départ libre de celui-ci alors que sa valeur se compte en dizaines de millions de francs. Kimmich, à la recherche de son meilleur niveau, a prêté au nouveau responsable une oreille plus qu'attentive.

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« Joshua Kimmich est un personnage extraordinaire, qui donne toujours tout à chaque match – parfois même peut-être avec un trop-plein d'ambition », estime le président Dreesen.

Coup de rabot salarial

Rien d'incongru dans l'absolu tant l'ancien joueur de Stuttgart, arrivé en 2015 pour 8,5 millions de francs environ, est considéré en Bavière depuis longtemps comme le futur capitaine. Mais sous le mandat de Nagelsmann, puis celui de Tuchel, Kimmich avait perdu le fil, s'isolant notamment par son refus de la vaccination durant la pandémie. Perdant du crédit dans l'esprit de ses dirigeants et faisant sur le terrain le chemin inverse de ses débuts, du milieu vers la défense. N'en demeurant cependant pas moins bon, toujours aussi actif, généreux, solution permanente en phase de possession. L'arrivée de Vincent Kompany a contribué, elle aussi, à redistribuer les cartes. Certes, le jeune entraîneur belge ne voit pas plus Kimmich en pur milieu défensif que Tuchel. Mais il est persuadé qu'un cran plus haut, en n°8, le désormais capitaine de la Mannschaft peut retrouver tout son rayonnement. Et il en a besoin pour asseoir sa philosophie de jeu dominante. Au Bayern, jusqu'à cette saison, Kimmich n'a jamais été flanqué d'un n°6. La configuration ressemble donc bel et bien à un nouveau départ, avec d'autant plus d'élan que le soutien, du coach au président, est total.

De sorte qu'on n'a jamais été aussi près d'une prolongation. Avec une réduction de salaire ? Kimmich émarge à 20 millions de francs annuels environ. Trop pour le Bayern d'aujourd'hui. Mais la responsabilité sportive de l'international aux 93 sélections est immense : atout offensif mais aussi premier élément de la digue défensive à la perte du ballon. S'il l'assume aussi bien que le début de saison le laisse entrevoir – il a notamment été double passeur décisif pour le premier match de Ligue des champions contre Zagreb (9-2), le 17 septembre –, il pourrait être gagnant sur un double tableau : en club, donc, mais aussi en sélection, où le retrait de Toni Kroos et Ilkay Gündogan oblige Julian Nagelsmann à chercher un nouveau chef au milieu. Kimmich, patron des deux équipes les plus importantes du pays : qui l'aurait imaginé avant l'été ?

 

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