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Belgique : Quel avenir sans Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne ?

Sacha

Alors que la Belgique affronte l’Italie et la France en Ligue des Nations durant la trêve internationale, Sky Sport tente d’envisager un monde sans ses deux plus grandes stars actuelles.

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Romelu Lukaku & Kevin De Bruyne ont marqué l'histoire de l'équipe nationale belge - IMAGO / Belga

Ils sont les derniers des Mohicans de la génération demi-finaliste à la Coupe du monde 2018 faisant toujours partie du groupe des Diables Rouges. Esseulé au milieu de jeunes poupins, Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne font office d’exceptions royales.

Nul n’est prophète en son pays, même Lukaku 

Meilleur buteur de l’histoire de son pays avec 85 buts inscrits en 119 sélections, aucun attaquant n’a jamais été aussi indispensable pour la Belgique que le buteur du Società Sportiva Calcio Napoli. Décisif à l’orée de sa génération en match de qualification face à la Croatie, le phénomène ‘RL’ offre à sa sélection un ticket pour la Coupe du monde 2014 grâce à un doublé iconique au stade Maksimir de Zagreb. Son talent éclate aux yeux de tout le peuple d’outre-Quiévrain. Lukaku va devenir le meilleur à son poste chez les noirs-jaunes-rouges. Fort de son mètre quatre-vingt onze et de ses nonante kilos, l’attaquant formé au Sporting d’Anderlecht s’établit comme un profil unique et sa précocité ainsi que bilinguisme attire la curiosité des médias avant de susciter le bonheur des fans.

Le hic, c’est son plafond de verre. À travers son histoire, Romelu Lukaku a chaque fois été rappelé à ses limites. De la finale de l’UEFA Europa League perdue avec l’Inter Milan face à Manchester United en 2019 en passant par celle de 2023 en Ligue des Champions contre le Manchester City de Pep Guardiola, le natif d’Anvers manque la cible quand il s’agit d’être décisif dans les matches les plus importants de sa carrière. Ses performances avec la Belgique n’échappent pas à la règle, Romelu Lukaku gardant comme fantôme du passé les ratés face à l’Italie à l’Euro 2021, contre la Croatie à la Coupe du monde 2022 et son absence de but au dernier championnat d'Europe.

Le Belge vit en sélection depuis le 3 mars 2010 soit plus de quatorze années à porter la tunique tricolore avec les A. Au sein du vestiaire, Lukaku est le patron, on l’appelle même le sage. Il est de ceux qu’on veut convaincre avant de fédérer. Domenico Tedesco l’a compris, ce pourquoi l’Allemand a voulu construire autour de lui. En espérant que tout se passe merveilleusement sur le terrain, l’ancien joueur de Manchester United aurait accompagné son sélectionneur dans la quête fondamentale d’un sens commun. Ce précieux sésame qui a toujours manqué aux belges… qui l’ont parfois effleuré du bout des doigts à la Coupe du monde en 2018.

Pour construire le groupe, il faut donner les clés à Lukaku. Sa personnalité et son aura vous y oblige. Qu’est-ce que cela raconte de la légitimité d’un entraîneur aux yeux des autres ? Bien tenté, Domenico. À 31 ans, le Belge est fatigué des débats perpétuels qui pèse sur son dos. Lassé de devoir convaincre ou consolé des supporters mécontents. Ennuyé de devoir subir le feu des critiques en cas de contre-performance dans des matches valants autant qu’une Coupe en chocolat. Donc il refuse de venir en sélection. Tedesco reste en majeur partie responsable d’avoir fait peser le poids de sa crédibilité sur la musculature du Partenopei car il en a perdu son pouvoir au sein du vestiaire et il ne possède aucune alternative viable pour palier à son départ en cas de retraite internationale.

La solution passe par le collectif… Construire une animation, une entité, un système plus fort que les individualités. Un défi rarement relevé par les sélectionneurs belges. De Georges Leekens à Marc Wilmots en passant par Roberto Martinez, ce pays n’a jamais su gérer ses stars, leur donnant d’abord trop de privilèges, de traitements de faveur pour les appâter avant de retirer brusquement de la table l’assiette des gourmandises. Martinez était un homme politique hors-pair capable (cela n’a duré qu’un temps) de faire converger les intérêts de ses vedettes afin d’empêcher le balancier de se renverser. Tedesco l’a fait basculer par manque d’expérience, par naïveté. 
 

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Le 11 octobre 2013, Romelu Lukaku qualifie à lui seul les Diables Rouges contre la Croatie - IMAGO / Belga

De Bruyne, un goût d’inachevé 

Paradoxalement, le cas Kevin De Bruyne se veut moins épineux. Contrairement à Romelu Lukaku, que Tedesco avait désigné comme l’élément fondamental de son système de jeu au point d’en être tributaire, ‘Prince Harry’ (comme on l’appelait à son époque genkoise) n’a jamais été le même joueur en sélection qu’en club. Jamais De Bruyne n’aura réussi à complètement et définitivement valider les attentes que les observateurs posaient sur lui. De son match référence contre le Brésil en quart de finale de la Coupe du monde 2018 à l’horrible République Tchèque - Belgique du 27 mars 2021 en phase de qualification pour la Coupe du Monde où on a sans doute vu le pire de KDB, jamais le natif de Drongen n’aura eu l’éclat de ses matches sous Pep Guardiola. Jamais ses entraîneurs en équipe de Belgique n’auront réussi à tirer le meilleur d’un diamant aussi caractériel que fascinant, l’homme à qui personne ne peut dire quelque chose, qui sait mieux que tout le monde mais pour qui le monde se tait car le monde sait qu’il peut changer le cours d’un match en une passe décisive.

Kevin De Bruyne est un joueur compliqué dont le jeu simple et limpide est difficile à mettre en place. Il est là, le noeud de l’affaire. Le contexte, les conditions, le système, l’animation, le talent des joueurs sont requis si on veut voir le Citizen sous un bon jour avec les Diables Rouges. Interdépendant du niveau de ses coéquipiers, l’exigence portée par le trentenaire pour son équipe nationale est salutaire, elle permet à tous de voir plus loin que leur réalité mais elle est aussi utopique car difficilement applicable pour un sélectionneur, Domenico Tedesco le sait. Lui qui s’est longtemps creusé la tête pour le faire briller, trahi par l’ambition d’être le seul sélectionneur national qui réussira, grâce à ses idées tactiques, à porter jusqu’à l’apogée de son football l’un des meilleurs milieux de terrain de l’histoire.
 

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Kevin De Bruyne orné du brassard de capitaine à l'Euro 2024 - IMAGO / Sportpixpress


En quête de sens… commun

Nouvelle erreur… Même s’il n’est pas le seul à l’avoir commise. La solution pour réaliser des résultats reste l’unité. Pour bâtir. Pour créer. Pour développer. Pour s’émanciper. C’est exactement pour cette raison que Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne ne doivent pas être vu comme irremplaçables. Fort de ses joueurs de talent, la Belgique s’est longtemps obligé à vouloir composer un onze de base en empilant les unes sur les autres ses meilleures individualités alors que l’ADN du pays réside dans son état de résilience collective. Un pays divisé linguistiquement et démographiquement qui trouve son seul repère commun dans une équipe nationale de football doit s’en servir pour développer des valeurs et un état de pensée qui vont faire écho à cette unicité.

Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku ne seront jamais remplacés… Ils sont les objets (comme l’ont été Eden Hazard et Vincent Kompany) du procédé qui va permettre aux Diables Rouges de grandir sans eux. Leurs échecs, leurs frustrations, cette sensation d’inachevé font partie du chemin. Leur départ résonne comme une acceptation de soi, le deuil d’une frustration, cette idée que plus jamais ne se représentera la fenêtre de tir apparue en juillet 2018. Ce rêve de changer le cours du temps porté par la Doxa est vint. Il faut intégrer l’idée de leur retraite internationale (dont l’annonce est imminente) et changer de braquet pour libérer son esprit et renforcer le concept général d’une entité salvatrice! Lukaku et De Bruyne ne peuvent pas, à eux seuls, permettre à leur pays de devenir une grande sélection, ils ne peuvent pas non plus faire de la Belgique une grande nation de football car, à l’inverse de l’Italie ou l’Espagne, toutes les parcelles de sa société ne sont pas traversées par l’amour du ballon rond.

Nos deux protagonistes sont, de toute façon, déjà redescendus de leur Éden footballistique. Le stade de leur carrière où ils auraient pu changer les choses à la seule force de leur talent est révolu. Il faut oublier ce fantasme, faire table rase du passé et créer, voire repenser même le concept de groupe au sein des Diables Rouges. Repartir avec un logiciel neuf et s’inspirer de principes touchés par la Belgique de 1986 demi-finaliste (eux aussi) de la Coupe du monde au Mexique pour développer une voie vers laquelle le plat pays réussira à remporter un trophée international.

La solution ne passera jamais par les individualités. C’est un tort de l’avoir pensé à l’époque des stars de notre génération dorée. Un piège qui nous a conduit à l’échec, aux regrets, aux crispations. L’avenir sera collectif. Le succès prendra du temps et se construira à la sueur de chaque marche d’escalier pour atteindre les plus hauts sommets. Il y a du chemin mais aussi de l’espoir. Supporters, n’ayez pas peur. Jusqu’ici tout va bien. Dans le voyage de la vie, le plus important n’est pas la chute mais l’atterrissage. Peu importe si l’on arrive à destination…
 

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La naissance de la génération dorée belge arrive aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 - IMAGO / Belga
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