3 enseignements de OM - OL
Dominateur, mais vainqueur finalement précaire d’un Olympico riche en émotions, l’OM poursuit sa quête d’imprévisibilité offensive et de solidité défensive. Si De Zerbi injecte de la flexibilité dans son animation avec ballon, l’OM est toujours vulnérable sans le cuir, même dans une rencontre où il l’a largement monopolisé
Asymétrie du back3 et mobilité payante
Si Roberto de Zerbi a modifié son organisation défensive depuis quelques semaines, pour se stabiliser dans un 5-2-3, sur lequel nous reviendrons plus bas, son animation offensive, elle, évolue différemment.
Après différentes formules, l’incorporation de Rabiot s’est finalement faite en tant qu’ailier intérieur gauche, dans un 3-2-2-3 qui offre les couloirs aux pistons et les demi-espace à Rabiot et Greenwood, alors que Maupay, en difficulté à Nice, devrait laisser peu à peu sa place de 9 à Gouiri.
Lors des dernières sorties des Olympiens, la dimension statique de cette organisation et leur incapacité à changer de rythme était criante. Avec cette possession trop positionnelle et structurée, l’OM a donné bien trop de repères aux hommes de Franck Haise, et a fini par se faire surprendre par leur pressing, avec l’enchainement de mauvais choix de Brassier, précipitant le départ du malheureux défenseur.
Ainsi, et c’est un parti-pris qu’on peut identifier sur quelques mouvements offensifs placés ces dernières semaines, l’asymétrie quasi-inzaghienne du back3 est primordiale.
Si les centraux de l’OM se contentent d’occuper chacun un demi-espace, comme c’était le cas à Nice, l’OM sera trop prévisible. À l’instar du coach interiste, qui a popularisé cette organisation avec l’utilisation de Bastoni, De Zerbi ambitionne de sortir de cette symétrie, confortable pour l’adversaire.
Et même si les Olympiens ont peiné à enflammer la partie en première mi-temps hier, ne créant pas de véritable décalage, on voit déjà la nette volonté de se déformer, particulièrement dans les mouvements larges de Murillo et Cornelius : Højbjerg va rejoindre Balerdi pour changer le back3 en back4, permettant ainsi à Merlin et Henrique de recevoir le soutien de Cornelius et Murillo sur les ailes.
Si le rythme de la partie ne décolle pas, on voit que l’OL n’a pas le loisir de faire monter son bloc, et est contrait à la reculade. Sur la capture ci-dessus : Tolisso enjoint Nuamah à sortir sur Murillo, mais le passage de l’OM en 4-1-5 (et le mouvement du central droit) le force au repli, alors que deux paires sont formées sur les ailes.
Le central droit panaméen va même se projeter, et dédoubler comme un offensif, alors qu’Henrique cherche Greenwood entre les lignes. C’est une également projection volontaire de Murillo qui surprend l’OL, et précipite le premier décalage en début de 2e acte. Un temps de jeu accompli sur lequel Nadir va se montrer trop tendre pour bonifier le décalage net dont il bénéficie.
L’OM marquera finalement un but heureux, en sortie de corner défensif, puis une contre-attaque bien menée, sur laquelle on reviendra. Même si le nombre de décalages nets n’est pas mirobolant, la soumission du bloc lyonnais – comme sa fatigue – sera payante sur le but décisif de Luis Henrique. Signe que RdZ a bien en tête d’attaquer la surface en nombre, Luis Henrique, piston décisif, précisera en zone mixte que son entraineur insiste sur sa présence au second poteau.
Un but qui fait suite à un temps de jeu extrêmement dominant, qui porte également le sceau de ce 3+2 / 4+1 mobile et ingérable pour le 4-4-2 compact de l’OL, écartelé, et finalement perforé par le une-deux fluide entre Rabiot et Gouri :
Après le dégagement en catastrophe, l’OM poursuit son siège. Trimballé dans les grandes largeurs, le back4 lyonnais perd sa structure, et Luis Henrique est à la réception du centre de Lirola (entré pour Merlin) dont la liberté (on le voit bien ci-dessous) est le fruit du travail de sape de dédoublement des hommes de De Zerbi :
Un pressing bénéfique…
Comme dit en introduction, l’OM a connu des fortunes diverses défensivement cette saison. Au soir de la piteuse défaite face à l’AJA (8 novembre, 10e journée) De Zerbi avait même publiquement offert sa démission. Toujours est-il qu’après cette déconvenue, le Lombard va passer à 5 derrière en phase défensive. Une organisation qui se décline différemment en bloc haut (voire très haut) et en phase de repli. Face à la première relance adverse, l’OM pratique un pressing quasi-total.
À la manière d’une équipe de Gasperini (ou même de Tudor), les Olympiens matchent le XI adverse :
- Merlin et Henrique montent sur les latéraux
- Rabiot et Greenwood pressent sur les deux centraux
- Nadir et Højbjerg prennent le double pivot, et sortent donc très haut
- Rongier prend/suit Tolisso
- Balerdi prend Lacazette, Cornelius est sur Cherki et Murillo sur Nuamah
L’autre grosse satisfaction de la soirée pour l’OM, est incontestablement la moisson de ballon récupérés haut après cette phase d’agression, et les nombreuses situations de danger qui ont suivi. La plus significative étant bien sur le but iconique de Rabiot qui lui redonne l’avantage à la 64e :
…dont l’OM n’assume pas tous les risques
Pour autant, il faut bien en convenir : le match de l’OM n’est pas satisfaisant défensivement. Si l’OL (qui n’a eu que quelques jours avec son nouveau coach) a été étouffé par la possession marseillaise en première mi-temps, la plupart de ses jeux longs ou directs en appui-remise se concluaient (déjà !) par le gain du second ballon, et/ou par une faute gagnée.
D’ailleurs - on le voit sur ces images arrêtés - l’OL avait bien une stratégie : faire sortir Balerdi via Lacazette, alors que Tolisso se projetait, faisant ainsi de Rongier un défenseur. On le voit également sur le schéma ci-dessus : Cherki et Nuamah ont pris soin d’aller très haut et très large pour challenger Cornelius et Murillo, alors que Merlin et Henrique sortaient sur les homologues.
Cette première vulnérabilité de l’OM est explicite dans le long temps faible qu’il traverse pendant et après l’ouverture du score lyonnaise. C’est particulièrement net sur l’occasion de 2-0 de Tolisso, lancé directement par Matic.
L’action de l’ouverture du score est également, en réalité, une attaque placée. Sur laquelle l’OM va récupérer haut, puis reperdre le ballon, et se montrer incapable de se réorganiser, mettant en lumière sa seconde faiblesse : le passage au bloc médian ou médian bas.
Hors de son plan pour presser haut, l’OM adopte une approche plus zonale. Depuis quelques matchs en 5-2-3 comme dit en introduction. Cette phase de son plan de jeu est certainement celle sur laquelle De Zerbi a le plus de pain sur la planche, et pas tant en termes de "tactique" pure que de comportements individuels à ajuster.
Une chose est sûre, dans ce moment de passivité, quasi-fatale sur la frappe de Nuamah (qui aurait également faire 0-2), on voit clairement Balerdi faire le geste de "on s’aligne", par opposition à la responsabilisation inhérente au marquage. C’est très clair ci-dessous, d’abord sur le but de Tolisso, puis sur la frappe du Ghanéen.
C’est bien la consigne que les Marseillais appliquent en adoptant cette approche plus passive. Une passivité déjà fatale sur le but – au rendu visuel assez surréaliste – inscrit par Emegha, qui comme Tolisso, fend l’alignement.
Je me refais Om - Strasbourg… Je sais pas par où commencer.
— Victor Lefaucheux (@Premieretouche) February 2, 2025
Entre ce 3-boite-3 caricaturalement statique et cette transition défensive surréaliste des Marseillais.
Incroyable de voir ça 6 mois après l’arrivée d’un coach de réputation continentale.pic.twitter.com/UKNvVOgRMZ
Ce n’est pas tant dans la transition de l’attaque à la défense que dans la transition du bloc haut au bloc bas que l’OM est encore nettement friable. Preuve que le bloc olympien, en dépit d’une soirée mémorable (et marquée par le génie Neymaresque de Greenwood) est bien encore souffreteux sur le plan défensif, même si RdZ a su injecter une part de folie, nécessaire, dans son animation offensive.